Langres à contre-courant

Dans une circonscription

dominée par Christophe Bentz

(RN) et Bérangère Abba

(Ensemble-Horizons), la ville

de Langres s’est distinguée

en plaçant en tête Michèle

Leclerc (NUPES). Distancée,

l’ancien maire Sophie Delong

(LR) signe, elle,

une contre-performance.

Langres, une fois de plus, se distingue politiquement. Alors que la première circonscription de Haute-Marne a mis en tête Christophe Bentz (Rassemblement national) et Bérangère Abba (Ensemble-Horizons), la ville de Langres a choisi, elle, de consacrer la troisième femme du scrutin, Michèle Leclerc. La candidate de la NUPES sort en tête, avec 23,17 % des suffrages. Bérangère Abba arrive en seconde position, avec 20,25 %, devançant d’un souffle Christophe Bentz (20,12 %). Au sein de la cité de Diderot, Michèle Leclerc bénéficie incontestablement de la dynamique d’union de la gauche. Son score correspond peu ou prou à l’addition des forces disparates de gauche lors du premier tour des élections législatives de 2017. L’alchimie a donc fonctionné pour la NUPES, du moins à Langres.

Une terre moins hospitalière pour Bérangère Abba

Pour Christophe Bentz, la progression est tout aussi incontestable. Malgré la concurrence de Bénédicte de Dinechin (Reconquête! ; 2,97 %) et de Georges Rossignol (Les Patriotes ; 0,86 %), le candidat du RN fait près de quatre points de mieux que Fabienne Cudel en 2017, dans une ville qui, traditionnellement, réussit moins au parti de Marine Le Pen.

De son côté, et bien qu’arrivée en deuxième position, Bérangère Abba est, à l’image de ses résultats sur l’ensemble de la circonscription, en net reflux à Langres. Avec 20,25 % des voix, elle s’effondre de plus de 15,5 points par rapport à sa performance de 2017. L’ancienne secrétaire d’Etat à la Biodiversité paie sans doute en partie son soutien au plan de l’Agence régionale de santé (ARS) réorganisant la filière hospitalière du centre et du Sud, au lendemain d’une manifestation monstre pour la défense de l’hôpital de Langres. La candidature de son ancien attaché parlementaire Théo Caviezel (indépendant) qui, avec 11,31 %, réalise une percée notable, a pu également la priver d’un certain nombre de voix. Enfin, l’autre grande perdante du scrutin est indubitablement Sophie Delong (LR). Avec 16,47 % des suffrages, l’ancien maire ne se place qu’en quatrième position dans la ville qu’elle a dirigée de 2014 à 2020, et n’a remporté aucun des six bureaux. Pour celle qui espérait jouer la carte du Pays de Langres à opposer au tandem chaumonto-chaumontais de Ensemble, le coup est rude. Elle aussi a sans doute partiellement été victime, par ailleurs, de l’essor de Théo Caviezel.

S’ils sont effectivement révélateurs, ces scores sont néanmoins à relativiser au vu de celle qui est en réalité, et une fois de plus, la grande vainqueur de l’élection : l’abstention (54,60 %).

N. C.

n.corte@jhm.fr