L’amiral de Gaulle Compagnon de la Libération ? « Une intention louable, mais… »
Dans une tribune parue le 16 juin dans Le Figaro, des députés Les Républicains militent pour que l’amiral Philippe de Gaulle, 101 ans, reçoive la croix de Compagnon de la Libération créée par son illustre père. Pour ces parlementaires, ce serait l’occasion de réparer « une injustice ».
Une démarche accueillie avec étonnement par les historiens. Jean-Christophe Notin est l’un de ceux qui connaissent le mieux l’histoire de l’Ordre de la Libération. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à ces Compagnons mais également l’administrateur du désormais célèbre compte Twitter « Paroles de combattants de la Libération ».
« Cet Ordre qui distinguait l’élite de l’élite est forclos. Il l’a été en 1946, au départ du général de Gaulle qui en était le grand maître, rappelle l’auteur. Il l’a rouvert en 1958, quand il est revenu au pouvoir, pour décorer Winston Churchill puis le roi George VI. » Depuis, le livre s’est refermé, la dernière page s’écrivant avec le décès en 2021 d’Hubert Germain, dernier des 1 036 Compagnons qui ont tous été nommés par le chef de la France libre.
« Il la mérite »
Que pense Jean-Christophe Notin de cette démarche ? « L’intention est louable, car l’amiral a fait de belles choses, mais ce serait ouvrir une boîte de Pandore », estime-t-il. « Tant de résistants auraient mérité eux aussi d’être Compagnons : que dire alors à leurs familles ? », a écrit l’historien sur Twitter. « J’ai bien connu le général de Boissieu, qui était le gendre du Général, explique Jean-Christophe Notin à jhm quotidien. Il m’a raconté lui avoir dit « vous devriez donner la Croix à votre fils, il la mérite ». Mais le général de Gaulle a écarté cette idée. » Car le grand soldat ne tenait surtout pas à ce qu’on l’accuse de népotisme. Et puis, conclut l’historien, « à ma connaissance, l’amiral de Gaulle ne l’a jamais réclamée. »
L. F.
Les Compagnons en quelques chiffres
– 1 032 hommes
– 6 femmes
– 3/4 de Français libres, 1/4 de résistants
– 5 communes
– 18 unités combattantes
– 9 Haut-Marnais de naissance ou d’adoption