L’Amérique face à elle-même – L’édito de Patrice Chabanet
Intermédiaires mais pas secondaires : les élections de mi-mandat américaines auront une portée internationale. Certes, les électeurs auront d’abord en tête des préoccupations intérieures, domestiques comme on dit outre-Atlantique, le retour de l’inflation en particulier. Mais du résultat dépendra la politique extérieure des Etats-Unis. Or si les Démocrates très faiblement majoritaires à la Chambre des Représentants et au Sénat perdent les élections, ce qui semble probable, c’est le retour du trumpisme. On peut en prévoir les conséquences : le rapprochement avec des régimes autoritaires et un moindre engagement en faveur des Ukrainiens, jugé trop dispendieux. C’est d’ailleurs le souhait de Poutine.
Plus floues et inquiétantes sont les perspectives que l’on peut imaginer pour la société américaine. Elle est chauffée à blanc par une montée inexorable des extrêmes. Certains candidats républicains annoncent déjà qu’ils ne reconnaîtront que leur victoire. Sans parler du retour tonitruant du débat sur l’avortement. Des observateurs vont jusqu’à évoquer des risques de guerre civile. On n’en est pas encore là mais la gouvernance de l’Amérique pourrait s’avérer périlleuse pour la cohabitation avec un Joe Biden qui apparaît affaibli physiquement et parfois un peu « paumé ». Pas rassurant pour les alliés occidentaux des Etats-Unis inquiets de la tournure prise par les relations internationales. La guerre n’est plus cantonnée aux livres d’Histoire mais s’invite dans l’actualité. Avec cette question de ce côté-ci de l’Atlantique : « L’Amérique sera-t-elle de notre côté en toutes circonstances ? ».