L’agroécologie vue par Marc Dufumier
Marc Dufumier était l’invité de la Maison Providence pour une conférence ayant pour thème : « l’agroécologie dans une alimentation saine et une agriculture durable ».
Marc Dufumier est ingénieur agronome, professeur honoraire à AgroParis-Tech, auteur d’une dizaine d’ouvrages sur l’agriculture et l’environnement. Il a récemment donné une conférence à Langres autour de l’agroécologie. Grand tribun, il fustige une agriculture qui n’existe pas vraiment en Haute-Marne et donne une ligne directrice qui inspire déjà les agriculteurs.
L’agroécologie pour nourrir la planète
Pour lui, le but est de « nourrir et satisfaire les besoins d’une population sans cesse croissante ». Il pense à « une alimentation de grande qualité nutritionnelle, sanitaire et gustative » en oubliant de dire qu’elle existe déjà en France. Il en profite pour condamner l’emploi de pesticides dont les résidus se retrouveraient dans l’alimentation et il s’agace de voir les précautions prises autour du glyphosate considéré comme « cancérigène probable » alors que, pour lui, il est un « cancérigène avéré ». Son autre combat : les matières premières comme le colza qui servent de carburant ou les méthaniseurs qui transforment les agriculteurs en énergiculteurs.
Mais, Marc Dufumier qui prône « une agriculture radicalement différente de l’actuelle » pose un préliminaire : « assurer un revenu décent aux agriculteurs, enrayer l’exode rural dans le monde et éviter l’extension des villes sur les meilleures terres agricoles » dans un contexte de dérèglement climatique. L’homme se bat pour une agriculture plus diversifiée avec (comme en Haute-Marne) des rotations plus longues, la réintroduction des légumineuses, le recours limité au labour, l’association élevage et grandes cultures pour que le fumier serve de fertilisant…
« Une éthique de vie »
Marc Dufumier parle de l’agroécologie comme d’une « éthique de vie » avec une efficacité économique et une efficacité environnementale. Sa base de travail est de « faire le plus grand usage possible de l’énergie solaire et du carbone dans l’air qui sont gratuits ». Ainsi, il vante l’association des cultures et la couverture végétale des sols en permanence. Une pratique de plus en plus courante qui permet de fixer l’azote de l’air et de favoriser l’infiltration de l’eau dans les couches arables.
L’ingénieur conseille d’aller chercher les éléments minéraux en profondeur afin de les restituer à la surface. Le seul problème est la gestion du phosphore qui est moins mobilisable.
Il se rapproche encore davantage de l’agriculture biologique en travaillant avec les champignons et mycorhizes et en favorisant les insectes auxiliaires des cultures. Et, pour aller au bout de sa démarche, il préconise une révision totale de la PAC avec des aides à la main-d’œuvre sur les fermes et non pas à l’hectare sachant que l’agroécologie nécessite de nombreux bras (qu’il faudra trouver). Il souhaite enfin que les agriculteurs soient rémunérés pour les services environnementaux rendus.
Frédéric Thévenin
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