L’agriculture haut-marnaise face au reconfinement
Le reconfinement ne sera pas sans conséquence pour l’agriculture haut-marnaise. Comme la première fois, elle va en pâtir sur certains aspects ou y trouver une nouvelle force. Revue des troupes avec les deux principaux syndicats.
Hier, s’est tenu à la Préfecture une grande réunion autour de l’agriculture. Toutes les organisations professionnelles y étaient conviées afin de parler de contexte économique, de la sécheresse, d’aides aux exploitations et, évidemment, le reconfinement s’est immiscé dans le débat.
“Fort” du précédent confinement, les conséquences en agriculture peuvent être rapidement mesuré même si, contrairement à mars dernier, le frêt et les transports doivent perdurer pour des ventes au national et à l’international. L’industrie agroalimentaire va continuer de fonctionner. Le pire qu’il puisse lui arriver est d’être atteinte par des foyers de contamination et donc de perdre sa main-d’œuvre.
Par contre, 30 % des producteurs de lait de Haute-Marne bénéficient d’une transformation locale avec des démarches AOP (Brie de Meaux, Epoisses, Langres). Or, ces fromages sont principalement consommés dans les restaurants qui eux-mêmes ont fermé hier soir pour une durée indéterminée. Ce lait devra être détourné de leurs voix habituelles pour trouver de nouveaux débouchés
Proximité
Côté alimentation animale, Jean-Luc Vauthier, pour Vauthier Sepac, a bien conscience que certains éleveurs vont chercher à constituer des stocks et que les disponibilités vont se tendre. Il demande à tous de rester raisonnable et de faire preuve de civisme. Mais, comme il le dit, les agriculteurs accusent actuellement coup sur coup. Après la troisième sécheresse consécutive, le contexte sanitaire et politique complique tout. Il pense notamment aux rapports tendus avec la Turquie.
Justement, Yoann Laurent et Hippolyte Babouillard pour la Confédération paysanne notent les difficultés à l’export et l’importance des circuits courts. Avec ce reconfinement, ils s’attendent à une demande accrue dans ce domaine. Précisément, en mars et avril, les ventes à Multiferm’, un groupement de producteurs à Esnoms-au-Val, ont augmenté de 30 %. En septembre et octobre, la hausse était encore de 15 à 20 %. Hippolyte Babouillard explique que le confinement a relocalisé la consommation. « Les ventes en direct accessibles ont connu un regain d’intérêt ». Pour lui, ces circonstances sanitaires contribuent à la relocalisation des outils de transformation et soulignent l’importance de la souveraineté nationale et locale. Il en profite pour souligner l’importance d’un abattoir sur le territoire. Il compte également beaucoup sur les programmes alimentaires territoriaux qui vont permettre de structurer cette offre locale en améliorant la logistique.
Frédéric Thévenin
Les craintes de la FDSEA
Pour Sébastien Riottot, président de la FDSEA, « le confinement ne va pas changer grand-chose dans les fermes. Nous travaillons avec du vivant et nous nous devons d’être là en permanence ». Par contre, « le seul gros souci est la baisse du prix du lait et de la viande due à la perte de marchés ». En viande, par exemple, les éleveurs ne trouvent plus d’acheteurs dans certaines catégories. Les animaux restent en ferme, sont nourris pour rien et bouffent les faibles marges. Sébastien Riottot craint que le reconfinement n’accentue le phénomène.
Quant aux petits producteurs, ils peuvent, selon lui, tirer leur épingle du jeu grâce à l’intérêt pour les produits de proximité et le consommer local. Malgré tout, il précise que ce système représente peu d’agriculteurs en Haute-Marne et qu’il faut distinguer les producteurs en vente directe avec un magasin à la ferme et ceux qui font les marchés. La situation liée à la Covid est plus favorable aux premiers. D’ailleurs, les seconds dépendent beaucoup des marchés de fin d’année. Or, personne ne connaît leur devenir.
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