L’acharnement – l’édito de Patrice Chabanet
KGB un jour, KGB toujours. L’ancien espion Vladimir Poutine n’a pas changé depuis le temps où il sévissait dans l’ex-RDA. La chute du communisme a glissé sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard. Pire : depuis qu’il dirige la Russie, il ne cesse de serrer la vis de la répression. La fenêtre ouverte par Gorbatchev est définitivement refermée. Dernier et cruel exemple en date : la mort d’Alexeï Navalny dans un centre pénitentiaire en Sibérie.
Officiellement, rien ne prouve que l’opposant russe le plus célèbre a été éliminé. Mais, depuis des mois, tout a été fait pour rendre invivable sa détention. Pour l’exprimer autrement, tout a été mis en œuvre pour le faire disparaître. L’empoisonner eût été trop caricatural dans un pays où le poison fait partie de l’arsenal politique poutinien. On devine la suite : d’ici à quelques jours les autorités russes vont nous « révéler » que Navalny est mort d’une pathologie cardiaque ou pulmonaire. Mais personne n’est dupe. Dans la Russie de Poutine être opposant, c’est signer son arrêt de mort, par assassinat comme la journaliste Anna Politkovskaïa, ou par des chutes « malencontreuses » dans les escaliers ou de son balcon.
Les pays démocratiques ont condamné sans prendre de gants diplomatiques l’élimination de Navalny. C’était le moins qu’ils puissent faire. Mais cela ne suffira pas. Le cynisme de Poutine nous montre une nouvelle fois qu’il est prêt à tout. Eliminer ses opposants et menacer ses voisins. Les alertes lancées par les Etats baltes doivent être prises au sérieux.