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L’abbaye de Beaulieu en attente de renaissance

Restaurateur de patrimoine et doreur sur feuille, Romain Berthomé a pour projet titanesque de réhabiliter l’abbaye de Beaulieu, à Haute-Amance.

PATRIMOINE. Situé au lieu-dit de Beaulieu, près de Hortes (Haute-Amance), l’abbaye de Beaulieu, inhabitée depuis près de 20 ans et propriété d’une Américaine, ne fait plus la joie que des amateurs d’urbex (exploration urbaine). Elle est pourtant riche d’une histoire, mais aussi de légendes, remarquables.

Des livres, des meubles, des milliers documents, des planchers et murs parfois défoncés et… des tags témoignant encore d’une activité régulière : celle des amateurs d’exploration urbaine. L’abbaye de Beaulieu, près de Hortes (Haute-Amance) possède toutes les qualités requises : un grand bâtiment, très isolé, rempli d’un capharnaüm et présentant un grand attrait patrimonial. Les vidéos pullulent, notamment sur la plateforme Youtube.

L’abbaye, fondée il y a plus de 850 ans, en 1166, était pourtant encore habitée il y a une vingtaine d’années par sa propriétaire, l’Américaine Eliane Kirchwehm, qui organisait volontiers fêtes, journées thématiques et avait même, dans les années 1990, installé une petite chèvrerie. Mais Eliane, aujourd’hui âgée de 89 ans, est retournée aux Etats-Unis, laissant le site historique en l’état. Celui-ci est, avec l’accord de la propriétaire, un minimum mis en ordre par un passionné de patrimoine, Romain Berthomé, qui vient de temps à autre d’Alsace pour l’occasion.

Le jeune homme caresse l’idée d’une réhabilitation en bonne et due forme. Mais le travail, ainsi que les sommes à engager, seraient pour le moins colossaux. Le palais abbatial est en piteux état intérieur, et aurait besoin d’un ravalement extérieur. La remise en place de la seule toiture coûterait au bas mot quelque 400 000 euros. Quant à la chapelle néogothique attenante, totalement dévastée, un seul vitrail nécessiterait près de 30 000 euros de budget. « En tout, il faudrait facilement compter sur deux millions d’euros… », expliquait, en 2022, le jeune homme.

Un trésor patrimonial par trop méconnu

L’abbaye de Beaulieu est pourtant un trésor patrimonial méconnu du département haut-marnais. C’est en 1166 que cette abbaye cistercienne a vu le jour, en tant que “fille” de celle, importante, de Clairvaux. A l’époque, c’est l’abbaye de Morimond, quatrième “fille” de Cîteaux, qui rayonne depuis quelques décennies sur le territoire. Dans un contexte de rivalité historique entre les deux abbayes mère, Clairvaux se devait de réagir. C’est ainsi que Beaulieu est née.

Au fil des années, le site se développe considéralement : palais abbatial, église, bibliothèque, dépendances, exploitations agricoles… L’abbaye de Beaulieu est florissante. Mais un premier coup d’arrêt survient en 1568, avec l’invasion des reîtres (des cavaliers allemands). En 1711, un nouveau pillage la met en grande difficulté, avant un renouveau dans les années 1730. L’établissement, dans le cadre de la Révolution, de la constitution civile du clergé, en 1791, met un terme définitif à l’aventure. Le site est alors racheté par Caroillon de Vandeul, le gendre du Langrois Denis Diderot, qui fut aussi en possession de l’abbaye d’Auberive. Les propriétaires privés se sont ensuite succédé, avec plus ou moins de bonheur, jusqu’à aujourd’hui. Où le seul bonheur est pour les pratiquants d’urbex…

N. C.

n.corte@jhm.fr

Un lieu chargé de légendes

Deux grandes légendes circulent, depuis des siècles, autour de l’abbaye de Beaulieu. Selon plusieurs sources locales, rien de moins que Jeanne d’Arc y aurait, au XVe siècle, passé une nuit durant son périple visant à rallier le Roi Charles VII. Selon les recherches effectuées par Romain Berthomé, cette légende a toutes les chances d’être une réalité historique, même si la date exacte du séjour de la Pucelle d’Orléans demeure inconnu. Une statue représentant Jeanne d’Arc trône d’ailleurs dans le parc de l’abbaye, témoignage de ce probable passage.

Beaucoup moins certaine est, en revanche, l’histoire qui s’est transmise au fil des siècles, selon laquelle le légendaire trésor des Templiers serait enterré quelque part dans le grand domaine attenant au palais abbatial. Cette légende trouve sa base dans le fait que Jacques de Molay, le dernier Grand Maître des Templiers, résidait non loin (dans l’actuelle Haute-Saône) et serait venu à plusieurs reprises à Beaulieu. L’un des propriétaires passés a même creusé de nombreuses tranchées dans l’espoir de retrouver ce mythique trésor. En vain…

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