L’abbaye d’Auberive, à tous les temps, de tous les temps
Le Centre d’art de l’abbaye d’Auberive propose en ce moment aux visiteurs une rétrospective Philippe Aïni et une sélection d’œuvres de la collection Volot à voir avant sans hésiter, au sein d’un écrin de pierre et d’histoire magnifiquement restauré.
Qu’est-ce qui fait de l’abbaye d’Auberive et de son centre d’art le site le plus important de notre territoire ? Son rapport au temps : ce site tire son unicité de son ancrage multiple, dans le passé (les bâtiments et leur histoire), dans le présent (la peinture, la sculpture, la musique) et dans l’avenir (la branche de l’art résolument privilégiée par Jean-Claude et Alexia Volot).
Aussi ne peut-on voir qu’une juste récompense dans la composition des visiteurs qui posent leur pas d’abord surpris, hésitants puis de plus en plus sûrs face au cloitre baigné de soleil. Ils viennent de toute l’Europe, de Paris, de Lyon, profitant des facilités de la sortie autoroutière de Langres Sud. Quelle injustice aussi que la relative faible proportion de Haut-Marnais parmi eux. Rappelons-le ici : il n’y a pas que l’autoroute pour mener à Auberive. La vallée de la Suize, celle de l’Aujon sont autant de portes vers la félicité, vers l’excellence.
Avant même de parler d’art singulier, rappelons une histoire singulière, celle du site cistercien.
Auberive est une émanation remarquable du fantastique élan monacal du XIIe siècle. Son implantation (la maîtrise de l’eau) et son architecture inspirée du plan bernardin sont typiques. Là, les moines, infatigables, laborieux, vont tout faire : canaliser la rivière, créer des canaux, monter des murs, un moulin, creuser des mines, planter des vignes.
Il ne restait pourtant plus grand chose de visible dans le fatras de pierres dévoré par les affres du temps lorsque Jean-Claude Volot y posa pour la première fois son regard à travers les hautes grilles : un vague terrain dont son esprit fertile esquissa rapidement l’écrin futur de sa passion artistique. La volonté d’un homme en fit le Centre d’art reconnu qu’il est aujourd’hui.
Ecrire la biographie de Jean-Claude Volot relève de l’impossible gageure, tant l’homme a touché de domaines. Rien que dans l’industrie : la mécanique, le médical, l’aéronautique… Même foisonnement dans l’art : jeune, il fréquentait les squats d’artistes en puissance. Il les admirait, il les protégeait. Il sentait poindre en eux le talent, la singularité, l’élan créatif. Là où l’époque voyait au mieux de l’imagination, de l’originalité, lui, avant tant d’autres, devinait des œuvres inspirantes. Singulières.
Il devint simultanément collectionneur et connaisseur. Une référence désormais consultée. Ainsi naquit et crut la collection unique au monde qui vaut à l’abbaye d’Auberive le label de Centre d’art contemporain : une collection privée d’art expressionnisme figuratif et d’art singulier. Vous trouverez là bien peu de choses qui flattent le bon goût aseptisé de l’artistiquement correct. Il y a même des œuvres déroutantes ; les naïfs ou les marginaux n’ont que faire des critères fluctuants du marché de l’art.
Il est possible de découvrir le site avec une application gratuite, pour smartphones disponible sur AppleStore et sur Play Store. Il est nécessaire d’avoir une connexion internet pour effectuer le téléchargement. Mais une fois téléchargée, l’application fonctionne hors connexion. L’appli donne des informations historiques et architecturales sur l’abbaye. Elle permet ainsi de voyager dans le temps grâce à de nombreux documents et photographies.
L’abbaye et le Centre d’art contemporain sont ouverts jusqu’au 24 septembre le mardi, de 14 h à 18 h 30 et du mercredi au dimanche, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30 (fermeture de la billetterie à 17 h 45).