La vérité d’un jour – L’édito de Christophe Bonnefoy
Tout est affaire d’interprétation. Chacun aura traduit, à sa façon, les annonces d’Emmanuel Macron lundi soir. En fait, allons même plus loin, certains auront entendu ce qu’ils voulaient bien entendre. Pour mieux caresser ensuite dans le sens du poil ou au contraire tirer aussitôt à boulets rouges sur le chef de l’Etat.
Qu’on soit un farouche opposant ou un disciple par définition aveugle, il faut reconnaître qu’affronter une telle pandémie ne peut pas s’accompagner de solutions miracles. Des erreurs ont été commises. Bien sûr. On aurait pu faire mieux. Sûrement. Les morts sont trop nombreux. C’est une évidence. Mais le gouvernement avance en terrain sans cesse mouvant.
Dès lors, il ne faut bien évidemment pas prendre pour argent comptant des annonces qui sont plus des hypothèses de travail que des décisions irrévocables. Le 11 mai ne sera pas le grand jour du déconfinement. Il ne sera que le début d’un lent, très lent retour à la normale, si les tristes courbes du nombre de décès ne sont pas d’ici là reparties à la hausse. Tout comme ce lundi 11 ne verra pas de nuées d’élèves regagner leurs classes en courant comme si de rien n’était. Personne ne l’a annoncé de cette manière.
Mais justement, avoir en conscience qu’une réouverture – progressive – est programmée n’exonère pas des questions qui se poseront indéniablement. Comment faire respecter les distances de sécurité ? Quid des dépistages ? Si seuls les élèves les plus en difficulté repartent sur le chemin des cours, qu’adviendra-t-il des autres dont les professeurs de nouveau sur le pont n’auront plus le temps de s’occuper à distance ? Et au fait, pourquoi les écoles… et pas les restaurants ou les hôtels, par exemple ? Personne n’a les réponses. Elles viendront au fil des jours, sauf à vouloir posséder la science infuse. Avec le Covid-19, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain.