La tour carrée d’Ancerville, une histoire partie en fumée
AU DÉTOUR DES TOURS (2). De sa présence dans l’esprit des Ancervillois, il ne reste plus grand-chose. Mais la tour carrée d’Ancerville est bel et bien là, toujours d’aplomb entre les arbres de la forêt domaniale de la commune. C’est pourquoi jhm quotidien lui consacre ce deuxième épisode.
Pour la voir, il ne faut pas hésiter à s’engouffrer dans la forêt domaniale d’Ancerville. Fort heureusement, les chemins sont en partie propres et il n’est donc pas nécessaire de fournir un grand effort. « Vous ne regardez que les arbres, mais elle est juste là », s’amuse Jean-Luc Amelon, promeneur ayant accepté de nous y conduire. Pourtant, il semble difficile de la louper tant sa hauteur est vertigineuse. « Quand on était gamins, on y allait. On avait un peu peur », nous confie notre guide du jour.
Une tour géodésique comme il en existe encore beaucoup
Devant nous se dresse ainsi une construction datant du XIXe siècle – quasi similaire à celle de Giffaumont – et qui, fut un temps, avait, tout comme cette dernière, son utilité. « Il s’agit d’une cheminée géodésique comme on en trouve encore en certains endroits du nord et de l’est de la France », identifie Jean Oudin, dans son livre Promenade à Ancerville, paru en 1981. « Ces constructions tronc-pyramidales en briques rouges constituent une catégorie de signaux géodésiques ».
Ce qui veut dire ? En bref, ces tours permettaient au service géographique de l’armée de réaliser – par le biais d’émission de fumée – des triangulations afin de se repérer. Puis, elle a servi à autre chose. « Au début de la seconde guerre mondiale, en 1939, l’armée française avait installé le long de la cheminée un échafaudage en bois pour accéder facilement (ndlr : à son sommet) », développe un peu plus loin l’auteur de l’ouvrage. « Les militaires s’y relayaient pour guetter les éventuels parachutistes de cinquième colonne.»
« On n’a aucun projet pour cette tour »
Au fil des années, la tour carrée, trouve une tout autre fonction : celle de terrains de jeux pour les enfants du bourg. Comme Jean-Luc Amelon, mais aussi Fernand Lambert, Ancervillois, dont les souvenirs paraissent encore frais : « On y allait et on faisait du feu à l’intérieur pour jouer. On se demandait ce que c’était. » Désormais, mis à part être répertoriée comme point d’intérêt sur les sites de randonnée, pas sûr que des enfants y jouent encore.
Du fait de son enchevêtrement dans une végétation dense et de son invisibilité depuis la D604 et la N4 qui passent à proximité, elle semble méconnue des riverains. Comme tombée dans l’oubli. « Je suis persuadé qu’il y a la moitié des gens d’Ancerville qui ne la connaissent pas », songe Jean-Louis Canova, maire d’Ancerville, résidant sur la commune depuis 1986. Et de concéder : « On n’a aucun projet pour cette tour. On la laisse telle quelle. Je ne sais pas trop ce qu’on pourrait en faire. »