La technique du lièvre – L’édito de Patrice Chabanet
Eh oui, les prochaines législatives se dérouleront bien dimanche. Il faut presque se pincer pour s’en convaincre tant la campagne a été anesthésiée. La faute à qui ? A Macron, répondent en chœur les oppositions. Il est vrai que le chef de l’Etat tient à rester le maître des horloges électorales. Jusqu’à présent cela lui a bien réussi. Mais la technique du lièvre qui consiste à se lancer dans la course au tout dernier moment n’est pas sans risques. Ainsi, les derniers sondages accréditent l’hypothèse selon laquelle le parti présidentiel n’aurait pas forcément la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Emmanuel Macron s’est donc résolu à aller à la baston. Cela fait plusieurs semaines que Jean-Luc Mélenchon le cherche. Ils se retrouvent dans un face-à-face sanglant. Le président de la République dénonce les incohérences du programme de la Nupes et les dangers qu’il présente pour la démocratie. Le patron de La France insoumise voit dans ces attaques présidentielles le signe d’une « panique » chez son adversaire.
Cet affrontement singulier a changé la donne. Le Rassemblement national a été marginalisé. Sur le plan tactique, c’est une réussite pour les mélenchonistes. Sur le plan stratégique, c’est une autre histoire. La Nupes est un attelage hétéroclite. Quand un dossier aussi lourd que le nucléaire ou les renationalisations reviendra sur le tapis, en cas de victoire, les socialistes qui ont déjà mangé leur chapeau en se plaçant sous la bannière de Mélenchon diront non.
Une fois de plus, les élections ne se jouent pas en deux tours. Un troisième est nécessaire pour décanter un contexte trouble. Ça peut se jouer à l’Assemblée ou dans la rue. La glorieuse incertitude de la vie politique.