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La stratégie du déni – L’édito de Patrice Chabanet

La crise ? Quelle crise ? «Une péripétie», a répondu hier Emmanuel Macron. Le déni n’aura convaincu que ses partisans, car la soudaineté et la violence du départ du ministre de l’Intérieur sont bien l’expression d’une crise au sein de l’exécutif. Ce n’est d’ailleurs pas tant la retraite de Gérard Collomb que ses conséquences pratiques et politiques qui révèlent la fragilité de la gouvernance macronienne. Le mouvement En Marche a poussé comme un champignon, mais il ne compte pas de grandes personnalités interchangeables. D’où la question épineuse du choix du successeur du ministre de l’Intérieur. Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’ont plus le droit à l’erreur. Ils le savent. Les sondages à venir qui risquent de faire apparaître des records d’impopularité vont le leur rappeler avec brutalité.
La Constitution de la Ve République dont on célèbre le soixantième anniversaire est là pour limiter les dégâts. Le chef de l’Etat qui sera aujourd’hui à Colombey-les-Deux-Eglises n’a pas manqué de souligner la solidité des institutions. Autrement dit, la Constitution formerait un paratonnerre. Certes, elle a mis fin à l’instabilité gouvernementale provoquée par le régime des partis. Mais elle n’empêche pas l’instabilité au sein du gouvernement, telle qu’elle se manifeste aujourd’hui. Il faut dire qu’elle n’avait pas prévu un bouleversement politique comme celui de la présidentielle et des législatives de 2017.
Les oppositions elles-mêmes sont finalement désarçonnées par cet exécutif chancelant, avec une énorme majorité plutôt silencieuse. En d’autres temps, elles auraient demandé la démission du Premier ministre ou la dissolution de l’Assemblée, pour saisir la balle au bond d’une crise majeure. Elles ne le font pas, car elles ne sont pas prêtes à prendre la relève. Pas de véritables chefs, pas de programmes prêts à l’emploi. La crise, elle est aussi là.

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