La statue de saint Thiébault de retour dans sa niche
C’est une absence qui a pu passer inaperçue pour certains, mais les habitants de Saint-Thiébault, près de Bourmont, et ceux des environs ont bien remarqué que le saint du village avait pris la poudre d’escampette depuis un petit moment…
Soucieux de son image, saint Thiébault était allé se faire une beauté au sein de l’atelier d’un habitant et adjoint du village, Daniel Joly. Menuisier retraité, plus exactement toupilleur, Daniel Joly était dépité de voir le saint de bois dans un piètre état. Il s’est donc lancé il y a quelques mois dans sa rénovation, mettant un de ses talents au profit de la commune pour laquelle il se dévoue depuis fort longtemps.
Pour commencer, il a fallu procéder à quelques recherches afin d’obtenir une représentation des plus précises de cette statue. Daniel Joly et sa femme Véronique ont donc parcouru les archives en leur possession et celles de la mairie. Ainsi, ils ont pu déterminer que la niche qui accueille le saint et que la croix qui la surmonte datent de 1729, et que la statue est du même siècle.
Puis, Daniel Joly a déterminé la partie de la statue à refaire pour définir la dimension de la pièce de bois (frêne) qu’il lui faudrait. Il a ensuite taillé dans la masse le bas de la robe et les pieds du saint. Grâce aux représentations de la statue qu’il a trouvées, Daniel a également sculpté un livre qui a pris place dans la main gauche du saint, cette dernière étant vide depuis de très nombreuses années. Une fois les pièces taillées, elles ont été poncées avant d’être assemblées, et l’ensemble a été renforcé.
Un vrai travail d’équipe
La partie sculpture terminée, il a fallu se mettre à la peinture. Pour cette étape, c’est Véronique, la femme de Daniel Joly, et leur fille Manon qui ont fait preuve de minutie et de patience afin d’apporter la touche finale à la rénovation du saint grâce à des peintures fournies par un membre du conseil municipal.
En parallèle Hervé, employé communal, a rénové la grille de la niche en la ponçant et peignant. L’ensemble de l’édifice avait presque tout pour retrouver son cachet, il ne manquait qu’à trouver un socle sur lequel reposer la statue, et c’est un habitant du village qui a offert une pièce de bois exotique très résistant au temps, pour cet usage.
A travers cette rénovation, c’est un peu de l’âme du village que Daniel Joly a voulu conserver et ne pas laisser dépérir. D’ailleurs, avec Véronique, ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Il ont également rénové il y a quelques années une représentation de la Vierge dans l’église du village.
Saint Thiébault, ou Thibaut de Provins, peut être fier de compter parmi ses habitants ces gardiens du patrimoine.
De notre correspondante
Saint Thiébault : une origine commune pour le village et l’église
Il existe plusieurs saints Thiébault, ou Thibaut voire Theobald, néanmoins il semblerait que celui dont le village – proche de Bourmont – porte le nom, et par conséquent le personnage qui y a plusieurs représentations, tirerait son origine de Thibaut de Provins (1036-1066). Ce noble d’origine, membre de la famille des comtes de Brie et de Champagne, aurait choisi de mener une vie d’ermite en Souabe (région historique du sud-ouest de l’Allemagne) avant de s’installer en Italie. Il a été canonisé par le pape Alexandre II en 1073 et suite à cela ses reliques sont revenues dans sa région d’origine où son culte se répandit.
A Saint-Thiébault, c’est donc un prieuré qui lui a été consacré, peu de traces de cet établissement ont été retrouvées mais l’église du même nom en serait très certainement l’héritière. On retrouve dans le village deux représentations de lui. La première au dessus du portail de l’église en bas relief, représenté sur un cheval, et la seconde, la fameuse statue de bois située dans la niche, route de Neufchâteau.