La situation inquiétante du lac de La Liez
Le niveau du lac de La Liez est inquiétant. La cote est déjà à un niveau inférieur à celle requise pour mener les travaux en juin. Le déficit pluviométrique va s’accentuer suscitant l’inquiétude des exploitants touristiques autour du lac.
Les pêcheurs, lors de l’ouverture de la pêche aux carnassiers, samedi 30 avril, ont été surpris par le niveau d’eau anormalement bas en cette période. Un ressenti qui est un véritable souci aujourd’hui pour les acteurs touristiques autour du lac de La Liez. Le lancement des travaux sur le déversoir du barrage se rapproche. Ils doivent être lancés en juin et Voies navigables de France a pour obligation de ne pas dépasser la cote de 7,84 m pour laisser les entreprises travailler. Or actuellement, le niveau du lac est déjà bien en dessous de cette cote avec 7,66 m, enregistrés mardi 2 mai. Le taux de remplissage de La Liez reflète cela puisqu’il n’est que de 64 % avec 7,7 millions de mètres cubes d’eau présents, hors volume de réserve. Pour comparaison, Charmes est à un niveau de remplissage de 84 % (6,9 millions de m3), la Vingeanne est à 93 % (5,4 millions de mètres cubes) et La Mouche à 87,5 % (4,9 millions de m3).
« Nous lâchons le minimum à La Liez, uniquement le débit réservé. Le lac a un niveau relativement stable », assure Gérard Carbillet, adjoint au responsable de l’Unité territoriale d’itinéraire de VNF à Chaumont. Sur le terrain, on a une toute autre impression. « Pour un début de saison, on a l’impression d’être déjà sur un niveau de fin juillet. Je vais alerter mon conseil d’administration car ça risque d’être compliqué en août », indique François Clément, directeur de l’école de voile de La Liez.
« Je me pose la question de savoir si je dois installer le parc cette saison », s’inquiète Xavier Carlot, gérant du Lake Park, le parc aquatique de structures gonflables. Au pire, il ouvrira le kiosque et le Lake Trott’, les trottinettes électriques.
Des projections guère rassurantes
« On est inquiet, c’est évident », renchérit François Clément. Cette situation, anormale, est le résultat de plusieurs facteurs qui s’accumulent. Le premier et le plus important, c’est le déficit hydrométrique. « On constate un déficit d’environ 30 % sur l’ensemble du département. Depuis juillet de l’année dernière, seul le mois de décembre est excédentaire en précipitation », constate Alexandre Berger, président de l’association de Climatologie de Haute-Marne. Le cumul de précipitations enregistré sur la station de Langres est de 568 mm sur les neuf derniers mois, d’août à avril, soit un déficit de 17, 3 %. À Jonchery ce déficit est plus important puisqu’il est de 33 % (497 mm). La région de Langres a donc été un peu plus arrosée. On imagine les répercussions sur le niveau du lac si cela n’avait pas été le cas… Et les projections ne sont guère plus rassurantes. « Nous avons tous les éléments pour un spectre d’une grosse sécheresse », ajoute Alexandre Berger. Si la météo est un élément, des erreurs de gestion semblent aussi être en cause. VNF a lâché beaucoup d’eau en automne en prévision des travaux. Une mesure de précaution qui semble se retourner contre eux aujourd’hui.
Philippe Lagler
p.lagler@jhm.fr