La rupture – L’édito de Christophe Bonnefoy
La rupture – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il fut l’un des visages emblématiques de la campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle. Et peut-être aussi, celui qui à la fois aida le mieux la candidate à accéder au second tour et lui suggéra pourtant au final une stratégie fatale lors du débat télé-visé face à Emmanuel Macron. Ou comment passer très vite de pièce maîtresse d’un parti, à grain de sable dans une mécanique apparemment bien huilée.
Les inimitiés n’étaient néanmoins pas nouvelles. Si Marine Le Pen et Florian Philippot semblaient former un duo politique très soudé, les cadres du parti étaient loin d’aduler le fringant conseiller. En quête du pouvoir, quand tout va bien, quand les sondages sont porteurs, les frères ennemis se tapent sur l’épaule. Mais quand la défaite est cinglante, les amitiés d’apparence volent en éclat. C’est exactement ce que vit depuis le mois de mai le Front national. Comme d’autres partis d’ailleurs. En quittant le FN, Florian Philippot devient ainsi subitement le symbole d’un échec et d’une guerre larvée – ou pas – qui mine la famille frontiste. Il fut ce symbole d’un succès à portée de main, il est désormais celui d’une possible implosion.
Marine Le Pen peut toujours minimiser l’impact de ce divorce pas vraiment à l’amiable. Ce qu’elle ne s’est pas gênée de faire hier. Elle ne peut pourtant feindre d’en ignorer les raisons et les conséquences éventuelles. Le Front national, c’est un comble, semble à nouveau en pleine recherche d’identité. Au sein du parti, la ligne est compliquée à dessiner. Marine Le Pen, elle-même, ne fait pas forcément – ou plus – l’unanimité, alors qu’elle affirme d’ores et déjà être «la plus solide et la mieux placée» au FN pour 2022.