Retraites : la rue s’invite au Conseil d’agglomération
INTERCOMMUNALITÉ. Après avoir défilé au centre-ville, l’intersyndicale s’est invitée en prélude du Conseil d’agglomération Saint-Dizier, Der et Blaise, à l’espace Cœur de ville. Les manifestants ont appelé les élus à plus de soutien de leur part dans la mobilisation contre la réforme des retraites.
Programmée à la suite du rassemblement lancé à 17 h et pendant le vote à l’Assemblée nationale des motions de censure in fine rejetées, la réforme des retraites ne pouvait pas ne pas s’inviter au Conseil d’Agglomération Der et Blaise, lundi 20 mars en soirée. L’espace Cœur de ville se garnissait très vite d’une grande partie des manifestants (lire par ailleurs) qui ont demandé à prendre la parole en prélude d’un conseil d’une trentaine de points.
« Si j’étais député, je voterai pour la motion de censure ! »
C’est Laurent Gouverneur, premier vice-président, qui a tendu le micro, étant donné que le président et maire de Saint-Dizier Quentin Brière était souffrant. « Cette réforme ne tient pas la route », a rappelé Manuel Porcar, délégué syndical CGT. « Vous êtes les élus de nous tous, de tous les citoyens. C’est votre rôle de relayer ce que l’on dit ! » Car il régnait une certaine tension, comme on a pu le ressentir à travers les propos de cette « grand-mère de 62 ans ». Comme si un fossé existait entre la rue et les édiles. C’est peut-être le cas à Paris. Pas vraiment à Saint-Dizier. « Nous sommes des élus de petits communes. Je suis maire d’un village de 150 habitants. Je suis instituteur. Si j’étais député, je voterai pour la motion de censure ! » dira Laurent Gouverneur avant que le conseil ne commence.
Avant lui, plusieurs figures syndicales avaient pris la parole à l’instar d’Eric Bardot (Sud Education) : « la France est devenu le plus grand paradis fiscal, des plus riches je précise, nous, on nous prend pour des abrutis. On nous balance des chiffres, 47-1, 49-3, on est peut-être pas bien malin, mais aujourd’hui, on ne va pas pouvoir tenir nos troupes longtemps si la motion ne passe pas (ce qui a été le cas quelques minutes plus tard, ndlr). On devrait travailler sur l’eau, l’environnement, ces grandes questions. On est obligés d’être dans dans la rue pour contrecarrer une absurdité totale ! » Et d’insister sur la légitimité des manifestations, « nous sommes la parole démocratique constitutionnelle ! »
A son tour, Sylvain Renaud, de la CFTC, demandait aussi davantage de solidarité de la part des élus, dans la mesure où « on défend notre territoire, la ville, l’Agglo, contre la fermeture des commerces et des entreprises, on est aussi là pour ça ! » « A vous les élus, de faire remonter les choses ! », implorait un sympathisant CFDT.
Un sentiment de fracture entre les édiles et le peuple qu’a pris à cœur Eric Krezel. Maire de Ceffonds et vice-président de l’association des Maires ruraux de France. A l’image de Laurent Gouverneur, l’élu a rappelé que tout le monde était dans le même bateau. « Il y a vous et nous. On n’a peut-être pas réagi de la même façon , mais je ne sens pas non plus de soutien en tant que maire rural. Il faut que l’on soit dans cette écoute mutuelle. » Une écoute encore plus nécessaire après le vote de l’Assemblée.
Nous reviendrons sur les dossiers traités au Conseil dans de prochaines éditions.
N. F.
n.frise@jhm.fr