La Renne est son royaume
Henri Vollot va avoir 80 printemps. Il a pris sa première truite sur la Renne (un affluent de l’Aujon) alors qu’il était en culottes courtes. « J’avais 12 ans. C’était derrière chez ma mère dans un trou d’eau. Je pêchais avec une mouche », se rappelle-t-il.
N’imaginez pas que cet adroit pêcheur pratiquait avec un matériel haut de gamme. « J’avais un simple brin de roseau avec un bout de fil de nylon et une manne (mouche de mai, Ndlr) pour appât », pour- suit-il.
Vous l’aurez compris, Henri Vollot est une vieille gaule qui a conservé une approche rustique de son art. Il a beaucoup appris en suivant discrètement les anciens de son village Rennepont. C’était dans les années 50. « Il y avaient deux ou trois vieux qui pêchaient au ver ou à la sauterelle ». Les musettes étaient vite remplies et le poisson vidé et consommé dans la foulée.
Au fil du temps, Henri Vollot s’est équipé avec du matériel plus performant. « Mes premiers sous sont passés dans du matériel de pêche.
Il fallait monter à Chaumont en bus pour se le procurer ». Le pêcheur a conservé précieusement ses vieilles gaules au charme intact. « J’ai toujours ma canne en roseau japonais ». Ultra légère, cette pièce de collection était équipée d’un bout de soie, d’un bas de ligne et d’un triple sur lequel était généralement accroché une mouche. La technique de l’arbalète, Henri Vollot la maîtrisait à merveille.
Puis il est passé à la pêche au lancer avec un modèle fait dans un alliage plutôt dense qui a pris du poisson à foison. L’arrivée des premiers moulinets Mitchell automatiques permettait une pêche de vitesse toute indiquée pour prospecter la Renne et l’Aujon autour de son village, un secteur qu’il connaît comme sa poche.
Henri Vollot avait une technique sûre et pêchait les postes les plus difficiles d’accès. C’était la clé du succès. « Aujourd’hui, je ne suis plus aussi habile », reconnaît-il.
Anicet Seurre