La prochaine étape – L’édito de Patrice Chabanet
L’inscription de l’IVG dans le marbre de la Constitution et tout l’apparat qui l’a entouré prouvent, s’il le fallait encore, que la liberté des femmes a franchi un grand pas. La quasi-unanimité dont elle a fait l’objet dans l’opinion publique le souligne avec force. La France, souvent paralysée par ses antagonisme, a su les faire taire. Certes, quelques actes de malveillance ont été commis, comme cette statue de Simone Veil vandalisée à la Roche-sur-Yon. Piètre revanche après une cuisante défaite en rase campagne.
La partie législative réglée, reste la mise en musique des textes. Nombreux ont été députés et sénateurs à pointer les difficultés pour passer de la loi à la pratique. Dans plusieurs départements il est encore difficile à une femme de trouver un médecin pour procéder à l’avortement. Certains praticiens peuvent refuser pour des raisons morales. C’est la fameuse clause de conscience. Dans l’urgence ce n’est pourtant pas elle qui pose problème, mais l’existence de déserts médicaux. Cette dernière crée une inégalité de fait selon qu’on habite dans un grand centre urbain ou dans un coin reculé de l’Hexagone.
Plus fondamentalement, l’inscription de l’IVG dans la Constitution établit un barrage solide à toute tentative de retour en arrière. D’une élection à l’autre les majorités peuvent changer. Mais trouver trois cinquièmes des parlementaires pour renverser ce qui a été sacralisé hier paraît bien improbable.
Fort de ce succès Emmanuel Macron a exprimé son souhait de voir l’IVG inscrite dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Une ambition quelque peu démesurée quand on connaît les dissensions de l’Union sur les grandes questions.