La prise de la pastille – L’édito de Christophe Bonnefoy
On a l’impression de réentendre la désagréable musique du début de la pandémie : une histoire de masques. Maintenant c’est une douce mélodie aux fines notes d’air marin, si l’on peut dire, que l’on nous sert. En pleine guerre d’Ukraine – appelons-la comme ça -, le ministre de la Santé monte au créneau. Et veut rassurer. Il y en aurait pour tout le monde. Des masques ? Non, des pastilles d’iode.
Enfin… espérons qu’elles n’aient jamais à être utilisées. Cela signifierait en effet qu’il y a de l’atome dans l’air…
Ainsi, face au risque d’embrasement entre la Russie et l’Ukraine et à une possible attaque nucléaire, la pilule miracle serait, selon Olivier Véran, disponible en quantité suffisante pour protéger les Français de possibles cancers de la thyroïde dus à la radioactivité. Soit dit en passant, le même ministre de la Santé affirmait en fin d’année dernière que la France disposait de 95,7 millions de comprimés d’iode. Il en faudrait en fait 130 millions. Bref. Gageons que le nécessaire aura été fait depuis, au cas où…
En attendant, autre domaine, autre denrée qui, à défaut d’être rare, reste chère. Ce n’est pas l’iode qui préoccupe les professionnels actuellement à l’arrêt sur les routes, mais le carburant. Son prix, plus précisément. Un sujet de fâcherie supplémentaire. Là, on ne nous promet rien, ou si peu. On nous conseillerait presque d’attendre sagement que la situation géopolitique s’apaise.
Le cas des pastilles d’iode rappelle des couacs passés. Celui de l’essence suggère l’éventualité d’en voir éclore d’autres. Des couacs. Le premier cas pourrait faire sourire. Mais on imagine que le gouvernement, à quelques semaines de la présidentielle, surveille pour le coup comme l’iode sur le feu l’action de terrain de ceux qui, c’est le cas de le dire, remplissent ou essaient de remplir leur réservoir à coups d’or noir. Rappelons-nous comment était né le mouvement des Gilets jaunes…