La preuve par l’exemple – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les langues de vipère seront forcément de sortie, en ces temps de forte chaleur. Logique. Evacuons donc les sempiternelles remarques, celles qui sous-entendent qu’on en ferait trop sur ce qui ne serait finalement qu’un coup de chaud provisoire. Oui, en 2003, la canicule a été particulièrement meurtrière et on ne l’imputait pas encore au réchauffement climatique. Oui, en été, il fait chaud. Bien sûr.
Le problème est pourtant que les températures augmentent dangereusement, mais pas qu’en été, et de manière beaucoup plus abrupte et régulière qu’auparavant.
Les dix départements français qui étaient ce lundi en vigilance orange canicule n’auraient donc qu’à prendre leur mal en patience, tout serait on ne peut plus normal ? Allez demander à nos voisins espagnols quelle définition ils ont de la normalité, eux qui flirtent ces jours-ci avec les 44 degrés.
Et que dire des toutes dernières études scientifiques, dont celle de l’Inserm et de l’Institut de Barcelone pour la santé globale, qui font état d’un été particulièrement meurtrier en 2022 à cause de la chaleur. Autrement dit, d’une surmortalité particulièrement inquiétante. On n’est pas là dans les hypothèses. Mais dans les faits. La cruauté des chiffres bruts. La corrélation directe entre hausse des températures et augmentation vertigineuse du nombre des décès.
L’urgence est à la gestion. Ou comment préserver les populations les plus fragiles des risques liés à la chaleur. A plus long terme, la tâche s’annonce plus ardue. Un peu comme si la maison brûlait et que l’on regardait ailleurs… Un peu moins qu’avant, mais tout de même…
c.bonnefoy@jhm.fr