La présence des animaux pour libérer la parole, à Saint-Dizier
SOCIAL. La compagnie des Plumés est intervenue avec ses animaux auprès de Bragards en situation de fragilité ou d’exclusion. De la médiation animale sur fond de performance artistique. Elle est en résidence à Saint-Dizier pour créer le spectacle qu’elle présentera du 7 au 9 novembre aux Fuseaux,
Deux chiens (Bobby et Paulette), quatorze poulettes, sept canards, c’est la joyeuse bande à poils et à plumes de la compagnie des Plumés. Il y a aussi trois humains : Diane Dugard, Juan Cocho, et leur pianiste Guillaume Marsalet. Tout ce petit monde est actuellement en résidence à Saint-Dizier pour la création d’un spectacle qui sera joué sur la scène des Fuseaux du 7 au 9 novembre.
Lorsque les artistes créent leur spectacle en résidence, la Ville leur demande en général une intervention auprès des Bragards, dans les écoles par exemple. La compagnie des Plumés, elle, a préféré se tourner vers des personnes en situation de fragilité sociale.
Une séance a déjà eu lieu à la maison relais Jason avec le public de la résidence (gérée par l’association SOS Femmes accueil) et celui du service d’accompagnement à la vie sociale du Bois l’Abbesse.
Les animaux ne sont pas dans le jugement
Diane Dugard est d’abord arrivée avec quelques poules qu’elle a rapidement posé sur la table de la salle de vie. Celles-ci se promènent, montent sur les bras des participants. Effet immédiat. Les langues se délient. Les comportements changent. C’est cela, l’effet de la médiation animale. Une dame est particulièrement affable. « Cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas vue parler comme ça ! Même à nous ! », glisse, souriante, une accompagnatrice du Bois l’Abbesse.
Bien sûr, Diane Dugard ne se prétend pas professionnelle de la discipline, elle est avant tout artiste. Mais sa facilité à mettre en contact ses animaux et le public est déconcertante. « J’aime bien travailler avec des publics fragiles parce que les animaux ne sont pas dans le jugement, ils sont dans l’instant présent. On a l’impression que les gens le ressentent et il y a un lien qui se fait assez rapidement ».
Quelques instants plus tard, tout le monde se retrouve dehors avec Bobby et Paulette. Diane leur fait faire de nombreux tours devant les participants. « Ce n’est pas seulement leur demander de faire des choses », leur explique-t-elle. « On essaye de jouer ensemble, c’est une sorte d’aller-retour entre eux et nous. » L’artiste implique les personnes présentes. Et voici, Bobby montant sur le dos d’un monsieur, ravi, de recevoir un gros câlin un peu plus tard. D’autres ont pu lancer le bâton à Paulette où lui faire faire des tours sur elle-même d’un simple mouvement de la main.
Une autre séance doit avoir lieu, avec un autre groupe, début novembre. Puis tout le monde se retrouvera aux Fuseaux pour assister aux répétitions du spectacle et voir la compagnie sur scène au complet, animaux compris, avec la satisfaction d’avoir passé un bon moment avec eux.
Fr. T.