« La plus grande escroquerie du XXe siècle »
Cette « escroquerie » est relatée par Pascal Janovjak dans “Le voyage du Salem” aux éditions Actes Sud.
Pascal Janovjak a beaucoup travaillé à l’étranger : Jordanie, Liban, Bangladesh, Palestine… et s’est fixé à Rome où il écrit ce roman en plein confinement.
Un jour, en flânant dans une librairie au Bangladesh, il découvre un petit recueil de faits divers romancés dont l’un s’intitule “Les mystères du Salem”, récit qui enflamme son imagination et qu’un méchant virus va lui fournir l’occasion de ressusciter, de « retracer cette odyssée… bon moyen d’échapper à la pandémie qui écrasait nos vies ».
Le Salem, un pétrolier, « ancien fleuron de la flotte commerciale suédoise », fait naufrage en janvier 1980 au large des côtes sénégalaises. Une catastrophe ! L’équipage est secouru mais le navire contient 200 000 tonnes de brut qui vont polluer les côtes ! Pourtant rien ne s’échappe de cette carcasse démantelée. Où sont passés les milliers de barils remplis d’or noir et que sont devenus les cinquante-six millions de dollars qu’ils représentaient ? La plus grande escroquerie du siècle va faire couler beaucoup d’encre.
S’aidant de documents, de monographies, d’articles parus à l’époque, l’écrivain reconstitue « cette sombre histoire de convoyeurs d’or », un récit qui va nourrir son imagination et « dessiner une fenêtre dans son enfermement » : « J’ai été séduit par cette poésie de l’impossible, qui s’alliait au souffle des épopées maritimes ». Le récit, divisé en courts chapitres, fait alterner les réflexions amères de l’auteur sur sa vie quotidienne, le résumé de ses recherches et la voix émouvante d’un jeune matelot auquel il dévolue le rôle de témoin dans cette aventure : « La frêle voix de mon matelot se noyait dans le grondement de l’actualité et le tumulte de mes doutes ».
Une histoire scandée par le rythme d’une belle écriture, illustrée de schémas, de photos, que l’auteur réussit à rendre captivante en « jouant de cette frontière incertaine qui sépare le réel de la fiction » et en nous laissant « l’image d’un navire entrevu sur la ligne d’horizon, suspendu entre le ciel et l’abîme ».
De notre correspondante Françoise Ramillon