La pire des injustices – L’édito de Patrice Chabanet
Les accidents de bus scolaire provoquent toujours une forte émotion. Celui qui vient de se produire à Millas, dans les Pyrénées-Orientales, n’échappe pas à la règle. A l’effroi se mêle un sentiment d’injustice, celui de jeunes vies innocentes fauchées ou frappées parce qu’elles étaient là au mauvais moment. Chacun peut imaginer la douleur de parents ou de proches pour qui Noël 2017 sera marqué d’une ombre indélébile. La mobilisation des services publics, du sommet de l’Etat au plus humble des sauveteurs, témoigne de l’impact de ce qui est une tragédie : quatre morts et une douzaine de blessés graves. On ne connaissait pas hier soir les causes exactes de l’accident : le passage à niveau où il s’est produit n’était pas répertorié parmi les plus dangereux de l’Hexagone. Incident technique ou défaillance humaine ? L’enquête le déterminera. Ce qui est sûr, c’est que le drame de Millas est le plus grave impliquant des enfants depuis l’incendie de Beaune, avec ses 53 morts, dont 44 jeunes.
Des leçons seront tirées en fonction des facteurs ou de leur enchaînement qui ont provoqué l’accident. La solution idéale serait, bien sûr, l’élimination des passages à niveau. Il en existe plus de 15 000 en France, dont 10 000 avec barrières automatiques ou manuelles. Il y en avait 25 000 en 1980. Un effort a donc été fait pour éviter ces collisions meurtrières entre trafic ferroviaire et circulation routière. Mais dans un monde de plus en plus connecté, décidé à réduire inlassablement le champ des incertitudes, chaque nouvel accident est perçu comme une anomalie inacceptable. L’idée selon laquelle le zéro défaut n’existe pas passe mal dès lors que les victimes sont très jeunes. Qu’on le veuille ou non, plus de sécurité implique plus de budgets dédiés. C’est le prix à payer pour sanctuariser la vie de nos enfants.