La petite fée bleue des jardins
NATURE. La mésange bleue (cyanistes caeruleus) est la seule de la famille des paridés qui affiche la couleur bleue cobalt sur sa tête, ses ailes et sa queue. Pour cette raison, elle ne saurait passer inaperçue dans les jardins haut-marnais où son utilité n’est plus à démontrer.
Si le bleu cobalt vif cher à Van Gogh domine le dessus de cette jolie mésange longue de 11 cm, son dessous est jaune pâle avec une raie médiane noire peu marquée. Ses pattes sont grises et son bec noir est court. Ses joues sont blanches avec une ligne noire en travers de l’œil et autour de la joue, jusqu’au menton. Elle est coiffée d’une calotte bleue bordée de blanc, avec une tache blanche sur la nuque. Si son dos est vert amande, le dessus du juvénile est d’un brun verdâtre, ses joues jaunes, sa calotte grisâtre. Le chant de la mésange bleue, qui zinzinule, constitue un mélange de sons clairs, fluides et aigus, qui retentit au moment de la saison de reproduction et se termine souvent par un long trille cristallin. Si elle demeure absente des forêts de conifères et des régions d’altitude supérieure à 1 500 m, elle se complaît dans les bois mixtes ou feuillus uniquement, les bosquets, les haies, les parcs. On la rencontre fréquemment dans les vergers et les jardins où elle fréquente les mangeoires en hiver et utilise les nichoirs à la belle saison. Au printemps, le couple construit un nid d’herbes sèches et de mousses dans une cavité d’arbre, plus rarement dans un mur, voire un tuyau ou tout autre lieu qui correspond à son caractère de nicheur cavernicole, comme un parpaing. La femelle y dépose de sept à treize œufs blancs pointillés de roux à partir de la fin d’avril. L’incubation n’excède pas quinze jours, tandis que les oisillons sont nourris 20 jours avant de prendre leur envol. Toutefois, les jeunes demeurent dépendants des insectes que leur apportent les parents durant encore deux semaines. Certains couples effectuent une seconde ponte en juin.
Quelques dégâts largement compensés
Sédentaire, la mésange bleue est présente toute l’année sur notre territoire, mais peut migrer vers le Sud-Ouest certains hivers. Elle côtoie fréquemment ses consœurs nonnettes et charbonnières, mais aussi parfois des grimpereaux ou roitelets, avec qui elle forme des groupes hivernaux qui vagabondent en forêt, puis en secteurs urbanisés, en quête de nourriture. Elle apprécie les graines de tournesol et les boules de graisse mises à sa disposition. Le vol de la mésange bleue est court et un peu hésitant, sauf en période migratoire où elle se déplace assez haut et sur de longues distances. Si cette mésange peut occasionner quelques dégâts dans les vergers en s’attaquant aux bourgeons et aux fruits, cet inconvénient est largement compensé par sa consommation d’insectes. Cette espèce se porte bien en France, même si ses couvées et nichées peuvent être menacées par des prédateurs comme les écureuils et les pics. Cependant, ces dernières années, une épizootie causée par la bactérie Suttonella ornithocola a causé la mort de nombreuses mésanges dans plusieurs pays d’Europe du Nord : la mésange bleue a été la plus touchée, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne.
De notre correspondant Patrick Quercy