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La pédopornographie tisse sa toile, en Haute-Marne aussi

Les consultations de documents à caractère pédopornographique explosent à l’échelle nationale. La veille s’intensifie afin de lutter contre des réseaux internationaux exploitant nourrissons, enfants et adolescents. Plusieurs affaires jugées en Haute-Marne en attestent.

Un professeur des écoles condamné en avril 2022, un ancien officier de la Direction générale de la Sécurité intérieur (DGSI) en mai 2022, un ouvrier en octobre 2022, un ancien assistant d’éducation en janvier 2023 et deux affaires en une seule et même semaine : les dossiers relatifs à la détention de documents à caractère pédopornographique se multiplient comme en témoignent les mots madame le procureur Pelletier. « La consultation de sites Internet présentant des contenus à caractère pédopornographique serait en hausse de 144 %. Ces documents sont accessibles gratuitement dans 80 % des cas, derrière ces images, il y a la réalité d’enfants exploités et abusés ». L’accès est favorisé. L’offre répond manifestement à la demande comme en témoigne deux dossiers.

Première affaire. Inséré, jusqu’alors inconnu de la justice, Said G est accusé d’avoir importé et diffusé des vidéos à caractère pédopornographique par l’intermédiaire d’un célèbre logiciel de partage de fichiers de pair à pair suite à un signalement opéré par une cellule de cybersurveillance. Des experts ont exhumé 64 fichiers supprimés par un prévenu contestant la moindre attirance pour les mineures. Parmi ces fichiers, « 18 présentent un caractère pédopornographique ». Concédant être le seul à utiliser l’ordinateur portable contenant ces documents, reconnaissant avoir tenté, sans succès, d’installer un logiciel de partage de fichiers, Said G réfute également être le rédacteur de mots clés équivoques exhumés par une analyse informatique. “Teen”. “Pédo”. “Petite fille avec papa”. Le prévenu, à ses dires, son truc, ce serait les vidéos de « femmes matures » aux formes généreuses, en aucun cas des mineures. Et puis, le prévenu n’en démord pas… « Je n’ai jamais téléchargé ces fichiers ! »

Piratage ?

Autre point… A l’aide de son téléphone portable, le prévenu s’est connecté à un réseau social russe connu pour la publication de contenus à caractère pédopornographique. Le prévenu reconnaît avoir fréquenté ce réseau social pour accéder à des contenus renvoyant à sa passion pour différentes disciplines sportives. Bref, Said G conteste la moindre attirance pour les mineures.

Une position en lien avec un sentiment de honte ? Une incapacité à reconnaître une attirance inavouable ? En aucun cas aux yeux de Me Lopes. « Quinze captures d’écran figurent au dossier, trois ont été présentées par les enquêteurs au cours de la garde à vue de monsieur, je défie quiconque de dire que ces jeunes femmes sont mineures ! (…) Deux téléchargements ont eu lieu à 4 h 05 et 4 h 06 du matin, cette nuit-là, monsieur travaillait comme je peux en justifier. (…) Il n’est pas nécessaire d’être un hacker pour pirater une adresse IP (adresse permettant d’identifier un appareil informatique, Ndlr), des milliers d’adresses IP sont vendues sur le darknet (réseau parallèle prisé des cybercriminels, Ndrl), de très nombreux articles de presse font état des situations de personnes accusées à tort suite à des piratages ! »

Ces arguments n’auront pas convaincu le tribunal. Condamné à une peine de 15 mois de prison intégralement assortie d’un sursis probatoire comprenant des obligations de soins, inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijaisv), Said G est en outre visé, hors appel de la décision, par une interdiction d’exercer une activité salariée ou bénévole en contact avec des mineurs.

« Je suis un monstre »

Âmes sensibles s’abstenir… Nicolas T se définit ainsi : « Je suis un montre ». Les monstres n’existent pas. Il n’est question que d’êtres humains. Des bipèdes happés par des comportements déviants.

Comment imaginer ? Un père de famille, inséré, inconnu de la justice, un homme ordinaire… Ce travailleur social intervenant exclusivement avec des adultes a sombré dans une véritable addiction. Une forme de frénésie retient l’attention. Plus de 50 000 images à caractère pédopornographique. Plus de 4 000 vidéos. Le tout stocké sur trois disques durs. Tel fut le fruit d’une perquisition menée au domicile de ce quidam en octobre 2022 suite à un signalement opéré par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC). Son truc, au prévenu, c’était les adolescentes, « à partir de 13 ans ». Une attirance enfouie ? Une attirance nourrie par un accès facilité à de multiples contenus.

Nourrissons, mineures et animaux

Nicolas T aura détaillé sa descente aux enfers. « Je suis passé par le darknet, au début, je cherchais des films X, via des forums, je pouvais télécharger des vidéos. J’ai vu la photo d’une ado nue sur un lien, j’ai cliqué, j’ai voulu aller plus loin. (…) Je suis tombé sur des trucs où j’étais à la limite de vomir, des adultes avec des nourrissons, mais j’ai continué de télécharger un tas de vidéos, sans forcément toutes les regarder, je n’arrivais pas à m’en passer, je ne regardais pas tout, mais je regardais des vidéos tous les jours. Dans ma tête, ce n’était pas concret même si je savais que ce je faisais était mal. J’avais honte, je n’arrivais à demander de l’aide (…) Je n’ai jamais touché un enfant, avec le recul, j’ai compris que ces mineures sont violées, je suis un monstre ».

Détail sordide. Des vidéos zoophiles ont été retrouvées. « Oui, j’en suis arriver à passer à la zoophilie, y compris avec des mineures ». L’horreur n’a pas de limite.

Injonction de soins

Le prévenu attendait pour ainsi dire d’être interpellé. « Je savais que ça finirait par arriver ». Affaibli par un « burn-out » survenu en 2020, ce père de famille a tenté de mettre fin à ses jours avant, « sauvé par son beau-père », d’être longuement hospitalisé dans une unité psychiatrique. Un expert a pointé « anomalies mentales et psychiques ».

Le père de famille réfute la moindre envie de passage à l’acte. Ancien bénévole dans un club de judo, amené à encadrer « des enfants de 6 à 17 ans », le prévenu n’en est pas moins clairement attiré par les adolescentes.

« Oui, ça m’excitait, pas plus que des films avec des adultes, mais ça m’excitait ». Isolé de femme et enfants, terrassés par la découverte du sordide jardin secret d’un époux, d’un père, ce travailleur social a engagé, sous contrainte, un important processus de soins.

Le travail ne fait que commencer. Condamné à quatre mois de prison ferme, Nicolas T, inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijaisv), devra par ailleurs respecter un strict suivi socio-judiciaire comprenant une injonction de soins et une interdiction d’entrer en contact avec des mineurs, à l’exception de ses enfants, dans le respect les limites fixées par un juge aux affaires familiales.

Un accès favorisé

Longtemps limitée à la publication de revues clandestines ou à l’échange, réservé à un milieu interlope, de photographies ou vidéos, la diffusion de documents à caractère pédopornographique a explosé avec Internet. Les amateurs de tels contenus téléchargent via des logiciels « peer to peer » (de particulier à particulier) des documents aux titres explicites. La diffusion est parfois plus sournoise, plus perverse. Des cybercriminels prennent plaisir à placer des scènes à caractère pédopornographique au cœur de dessins animés téléchargés à moindres frais par leurs parents. Le secteur des jeux vidéo en ligne est également prisé de pédophiles isolés ou de membres de réseaux criminels internationaux entrant en contact via de faux profils avec des joueurs mineurs avant de les inviter, mis en confiance, à communiquer des photographies via les systèmes de messagerie intégrés à de nombreux jeux. Réseau parallèle prisé de cybercriminels ou organisations terroristes, le darknet est également une source inépuisable de contenus pour les amateurs de pédopornographie.

Au-delà de contenus abjects présentant nourrissons, enfants ou adolescents abusés, violés, souillés, de nombreux sites Internet destinés à des adultes friands de pornographie entretiennent une véritable ambiguïté. Des actrices, autant de jeunes majeures, sont ainsi affublées des apparats de la parfaite adolescente afin d’entretenir une malsaine confusion. Des nattes, un uniforme, un sac d’école… Des leadeurs du marché de la pornographie s’adressent également directement à des esprits déviants animés par un attrait pour l’inceste. Un acteur quinquénaire est présenté comme papa, une actrice majeure aux traits juvéniles est présentée comme la petite dernière… Et ça attire. Ça clique. C’est affreux. Mais c’est comme ça.

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