La pêche aux ennuis – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le dernier épisode en date dans la guéguerre qui oppose Paris et Londres est presque anecdotique. Les deux bateaux de pêche britanniques verbalisés au large du Havre par les Français ont voulu jouer avec le feu, ils ont perdu. Tout comme à l’inverse, côté français, on joue ou on jouera de la même manière, pour un résultat identique.
Mais le problème particulier des zones de pêche autorisées n’est qu’une infime goutte d’eau dans un océan de mauvaise foi de la part des Britanniques.
On connaissait, depuis des lustres, la propension de nos deux peuples à être en permanence dans ce « je t’aime, moi, non plus » qui n’a jamais cessé de tisser, si l’on peut dire, nos relations.
Seulement, nos amis britanniques sont allés encore plus loin que ce simple amour vache. Ils ont choisi le Brexit. Ils ont opté pour une indépendance, qui les a en quelque sorte coupés du reste de l’Europe. Et ils assument ? Pas totalement. Pour résumer, ils aimeraient avoir le beurre et l’argent du beurre. Affirmer, encore, ce dédain dont ils ont souvent fait preuve, tout en continuant à bénéficier de la générosité de la famille qu’ils renient désormais.
Pendant des années, les négociations sur le Brexit, justement, ont fait rire – jaune – l’Europe entière. Interminables, elles ont fini par aboutir. Il s’avère pourtant, on le voit bien dans le cas de la pêche, qu’on a laissé partir les Anglais sans que tous les problèmes ne soient réglés. Ils le sont d’autant moins que Mister Johnson ne respecte pas toujours ce qui avait été inscrit noir sur blanc. Jusqu’à arriver à une situation ubuesque : alors qu’ils devraient vivre leur vie, tranquilles, sur leur belle île, les Anglais continuent à user leurs voisins.
Eternel recommencement. Il y a eu un avant Brexit. Il y a un après. Mes les inimitiés restent les mêmes.