Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

La parole libérée – L’édito de Patrice Chabanet

C’est un véritable effet de souffle que vient de provoquer le livre de Camille Kouchner. Il est en train de faire voler en éclats la chape de plomb qui recouvrait l’un des crimes les plus abjects, l’inceste. Depuis quelques jours, de nombreuses victimes parlent. Pouvoir sortir de sa tête cette souillure indélébile. Il fallait le déclic d’un livre pour libérer la parole. Pas facile de dénoncer un père, un grand-père, un oncle quand l’omerta familiale fait comprendre à l’enfant qu’il faut préserver les apparences. Elle est là la perversité de la personne incestueuse, car elle sait que l’ordre social inhibera toute volonté de dénonciation et assurera l’impunité du violeur. Sans parler du débat nauséabond sur le consentement. Non, une fillette ou un jeune garçon ne peut consentir à subir les assauts d’un membre de son entourage familial. Son acceptation supposée ne peut être que le fruit pourri d’un abus de pouvoir exercé par ascendance.

Quand on apprend qu’un Français sur cinq a été victime d’un inceste, on reste pantois. Cela veut dire que chaque jour nous côtoyons forcément ceux ou celles qui portent en eux cette blessure inguérissable. D’où le débat actuel sur la sanction pénale à appliquer à leurs auteurs. Depuis 2018 le délai de prescription a été porté à 30 ans. Avec les révélations de l’affaire Duhamel certaines voix se font entendre pour exiger l’imprescriptibilité de ce crime. Tôt ou tard, le législateur devra s’emparer du sujet. Il ne peut qu’y avoir unanimité, sauf à vouloir faire preuve d’indulgence à l’égard des massacreurs de l’enfance. En attendant, police et gendarmerie vont devoir enquêter sur une foule d’affaires qui remontent enfin à la surface. Dans de nombreux cas, il y aura prescription, mais répondre aux questions des enquêteurs fera frémir plus d’un amateur de relations incestueuses qui ne pensaient pas être rattrapés des décennies après leur forfait. La peur a changé de camp. Et la dégringolade sociale est assurée. C’est le prix du déshonneur. Olivier Duhamel, l’homme en vue de l’establishment n’est plus rien. Une peine plus lourde – et définitive – que le couperet de la Justice.

Sur le même sujet...

édito
Secousses sociales – L’édito de Patrice Chabanet
Edito

Les tumultes qui secouent la scène internationale ne parviennent plus à couvrir les craquements de notre économie. Casino et Duralex, pour citer des noms emblématiques, luttent pour leur survie à(...)

édito
L’air étonné – L’édito de Christophe Bonnefoy
Edito

Il fut un temps où La France insoumise avait un potentiel pouvoir de séduction. Une époque où le côté Robin des Bois pouvait agir comme un aimant auprès des électeurs,(...)

édito
America is back – L’édito de Patrice Chabanet
Edito

Joe Biden veut aller vite. Trop de temps perdu dans les guérillas de politique intérieure. Des semaines et des semaines à faire attendre les Ukrainiens. Dans une démarche de compensation,(...)