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La motte castrale de Sommermont visible par satellite

Une affiche didactique scolaire du dessinateur Pierre Joubert (1910-2002), donne une idée du village fortifié mérovingien de la Ginvalotte à Sommermont (collection Patrick Quercy).

PATRIMOINE. Les images prises par satellite de la vallée de Sommermont (commune de Chatonrupt-Sommermont) près de Joinville, consultables en ligne, révèlent une zone plus claire que le reste du paysage au lieu-dit la Ginvalotte. Il s’agit d’un vaste remblai : une motte castrale fossoyée mérovingienne du début du VIIIe siècle.

Ce lieu encastré entre la D 332 et la ripisylve du ruisseau de Sommermont, est constitué d’une succession de terrasses étagées dont la plus vaste, au sommet, apparaît au bas de l’image du satellite (vers le sud). Elle accueillait la haute-cour où s’élevait le dominium en bois (ancêtre du donjon).

L’emplacement de cette tour est encore identifiable car la terre y est la plus tassée, tandis que subsiste la trace d’anciens talus de défense qui l’entouraient. Les étages inférieurs, plus étroits (vers le nord), constituaient la basse-cour où s’abritait le bétail, les animaux de ferme et les paysans.

Ce village fortifié était entouré d’un réseau de palissades surélevées par des merlons. Le ruisseau (à l’ouest) constituait une douve naturelle qui avait été prolongée artificiellement au sud, où un étang est toujours présent, ainsi qu’à l’est. Or, cette partie du fossé est désormais recouverte par la D 332 qui mène de Sommermont à Chatonrupt.

Jusqu’à présent, des habitants estimaient que ce promontoire d’environ 150 mètres de longueur, et qui s’élève jusqu’à 1,50 mètre au-dessus de la route, s’expliquait par l’exploitation minière du XIXe siècle. En effet, un bocard et un patouillet ont été exploités à proximité, à partir de 1835, par le maire de Sommermont, le capitaine Joseph-Hubert de Hédouville (1781-1840), vétéran de la Grande Armée au 2e régiment de carabiniers à cheval.

Cependant, dans son dictionnaire “La Haute-Marne ancienne et moderne” (1858), l’historien chaumontais Emile Jolibois précise à propos de Sommermont : « Suivant la tradition, il a existé un château fort dans cette commune ». Cette motte castrale fossoyée avait déjà été repérée par Stéphane Izri, archéologue professionnel qui pratique la prospection aérienne.

Le souvenir d’anciennes fortifications s’est perpétué

Enfin, en 2020, ce vestige de village fortifié a été authentifié par le bénévole Denis Schmitter, chargé de recherches archéologiques par le Service régional d’archéologie (SRA) de Champagne-Ardenne, rattaché à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Selon lui, la construction de cette motte castrale fossoyée, abritant une cinquantaine d’habitants, s’explique par la manne que représentait le minerai de fer local. Celui-ci était indispensable à la fabrication d’outils et d’armes.

Le chaos politique qui règne dans le royaume franc, après la mort de Clovis en 511, explique que la population ait éprouvé le besoin de s’abriter derrière des fortifications érigées par les nobles. De plus, les conflits dynastiques entre chefs francs, encore non christianisés et polygames, sont aggravés par des incursions de Sarrazins venus d’Espagne. C’est Charles Martel, maire du palais (surintendant), grand-père de Charlemagne, qui apaise la situation à partir de sa prise du pouvoir en 718 comme duc, puis prince des Francs, jusqu’à sa mort en 751.

La motte de la Ginvalotte, à Sommermont, est classée “Fortification naturelle et anthropique de plaine, en méandre de rivière”.

De notre correspondant Patrick Quercy

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