La méthode du tâtonnement – L’édito de Patrice Chabanet

Les chiffres bruts sont décourageants. La France a enregistré hier un record quotidien du nombre de contaminations par le coronavirus : 10 593 nouveaux cas. Mais le choc des chiffres n’est pas transposable si l’on prend en considération les autres paramètres de la pandémie. Les admissions en réanimation et les décès sont nettement inférieurs à ce qu’ils étaient eu plus fort de la pandémie, en mars et avril. C’est cette distorsion qui rend l’opinion publique perplexe et qui entretient la polémique dans la classe politique. D’où la question qui revient régulièrement sur le tapis : vivons-nous les soubresauts de la pandémie ou, au contraire, sommes-nous confrontés déjà à une deuxième vague ?

Pour le dire simplement, le gouvernement évolue sur du sable mouvant. Il doit agir et, surtout réagir, au gré des informations parfois contradictoires, venant des milieux scientifiques. Il doit aussi prendre en compte l’humeur des Français, eux aussi partagés sur l’efficacité des mesures annoncées. La gestion des masques, au début de la pandémie, avait de quoi les déconcerter. Idem pour les tests, massifs aujourd’hui, dont il faut maintenant établir les règles de mise en oeuvre : priorité aux risques avérés et non plus sur le mode premier arrivé, premier servi. C’était le sens de l’intervention, hier soir, d’Olivier Véran, le ministre de la Santé : recadrer le dispositif gouvernemental. L’expérience de ces dernières semaines montre en tous les cas que la responsabilité individuelle demeure déterminante. L’éclosion des clusters ne s’explique pas autrement. On peut comprendre que les étudiants s’affranchissent des régles de distanciation physique : il faut que jeunesse se passe. Mais quand les clusters apparaissent chez les étudiants en médecine, on est en droit de s’interroger.