La mauvaise farce
Cette édition est donc bien maudite. Seuls deux matches féminins
des huitièmes de finale se sont disputés dans leur intégralité en raison de la pluie, hier. Après une journée blanche, lundi, la programmation, notamment chez les messieurs, devient problématique.
Hier, sur les courts de Roland-Garros, la morosité était encore de mise, pour la suite des huitièmes de finale et le supposé début des quarts de finale. En effet, pour la première de Guy Forget en tant que directeur du Grand chelem, les aléas en tous genres se poursuivent. Après les retraits des cadors (Nadal, Federer, Tsonga), la pluie qui n’a pas fait jouer la moindre balle lundi, sans parler du serpent de mer du toit du Chatrier, qui ne verra pas le jour avant 2020 au mieux, les para- pluies et les ponchos étaient en- core de sortie, avec des reports en pagaille et seulement deux petites heures de jeu. Les balles, gorgées d’eau très rapidement, et les conditions de jeu très lourdes n’ont pas du tout facilité la tâche des joueurs et la qua- lité du spectacle proposé en a forcément pâti.
Des scènes rares en Grand chelem
Sur le Central, Novak Djokovic, le N°1 mondial, qui bénéficie d’un tableau bien dégagé depuis le retrait du Taureau de Manacor, a oscillé entre le bon et le nettement moins bon contre l’accrocheur espagnol Roberto Bautista-Agut. Multipliant les fautes, le Serbe perd la première manche (6-3). L’interruption par la pluie lui a fait du bien. Repartant sur de meilleures bases, malgré des conditions de jeu très lourdes et la bruine, plus deux cordages cassés coup sur coup, le Serbe, toujours facétieux, avec un tour du court avec le parapluie d’un spectateur, revient à une manche partout (6-4) et mène 4-1 dans la troisième manche, avant un nouvel arrêt de jeu.
L’horloge du Central indiquait deux heures et une minute de jeu, soit l’exacte limite à partir de laquelle les spectateurs ne peuvent plus être remboursés (voir encadré).
Les scènes surréalistes se sont succédé pendant les deux heures de jeu. Lors du double Mahut/Herbert, têtes de série N°1, qui ont été déplacés du court 3 au 10, car celui prévu ini- tialement avait un trou dans la bâche, les Français, après avoir manqué deux balles de première manche contre les Lopez, Marc et Feliciano, reprennent la partie. Mais le terrain n’est pas balayé et ils attendent de longues minutes, les Espagnols commençant à faire les lignes avec leurs chaussures.
Les atermoiements se poursuivent. Sur le N°1, le Belge David Goffin, qui ne trouve pas d’appuis, demande l’interruption de son match contre Ernests Gulbis. Il obtient gain de cause après trois jeux perdus dans des conditions dantesques. Tomas Berdych et David Ferrer, sur le Lenglen, ont tapé quelques balles avant de rentrer à leurs hôtels. Sans oublier les annexes, avec les juniors et les doubles qui ont continué plus longtemps que les courts principaux.
Halep et Radwanska furieuses
Le tableau féminin continue son lot de surprises. Les têtes de série N°2 et 6, toutes deux très mécontentes des conditions, indignes selon elles d’un Grand chelem, sont tombées. Agnieszka Radwanska, qui menait d’un set et 3-0 dimanche, a pris deux jeux dans la figure et elle s’est incli- née contre la Bulgare Tsvetana Pironkova. Pour Simona Halep (N°6), la Roumaine a elle aussi mal négocié la reprise et elle a subi la loi de la puissante austra- lienne Samantha Stosur (N°21), finaliste il y a quelques années. Radwanska comme Halep n’ont pas ménagé l’organisation. «J’étais frustrée. J’ai attendu trois jours et j’ai joué sous la pluie. C’est un gros problème pour moi. Je ne sentais pas mes coups. Je ne me sentais pas non plus en sécurité sur le court», a pesté la Roumaine, finaliste en 2014 Porte d’Auteuil. La Polonaise a tenu le même discours.
Devant tant de soucis, les organisateurs, qui ont annulé les parties peu avant 19 h, alors que la pluie n’a jamais vraiment cessé de la journée, avec des reports nombreux de demi-heure en demi-heure, se sont creusés les méninges pour la programmation du jour, avec là encore des rencontres alléchantes sur les annexes. Richard Gasquet devrait jouer contre Andy Murray pour le choc du jour. Le Biterrois, pour la première fois en quarts de finale, après son gros match contre Kei Nishikori, va tenter de décrocher son billet pour la demi-finale. Allez Richie !
Nicolas Chapon