« La magie, c’est à la portée de tout le monde »

Carton plein pour la Rêves party organisée samedi 5 février par l’association l’Autre moitié du ciel. En expliquant ce qu’est la magie de la nuit, le public s’est vu délester des conventions. D’ailleurs, il était aussi invité à fabriquer des attrape-rêves.

« Chacun a sa propre idée d’une nuit vraiment magique. Pour d’aucuns, la nuit tire sa force de la boisson, pour d’autres, de la compagnie d’un livre, pour d’autres encore, des courbes désirables de son amant… ». Si chacun a son point-de-vue, il peut, si ça se trouve, exister tout de même une définition d’une nuit magique… Alors, au service d’une assistance touffue, ils sont deux qui, samedi 5 février, rue Claude Gillot, se mettent à chercher -il est habillé en Monsieur Loyal, elle revêt les atours d’une fée. Revenant d’abord sur l’objet de leur quête : c’est bien plutôt après la magie de la nuit qu’il s’agit de courir. Avançant ainsi un postulat : une nuit est magique parce qu’elle est… la nuit. Puis s’attaquant à expliquer à quoi rime cette fichue magie.

Ceux qui avaient déjà poussé leurs études assez loin pour sauter le cours pouvaient aller fabriquer des attrapes-rêves.

Du garage aux sortilèges

« Quelqu’un a une gomme ? ». Livre en main, pédagogue, la fée donne des exemples de tours, la magie est censée s’apprendre n’est-ce pas. Le public n’en a pas. Son binôme sauve sa démonstration. « J’ai une clémentine ». Peu à peu, les obstacles à tout s’évanouissent, la fée elle-même renonce à convoquer des « tours de magie trop complexes », sans frémir : « on passe ! ». Préférant s’attarder sur la conclusion de ses explications : elle a commencé à fredonner la Bamba, et les spectateurs ont suivi.  CQFD : « la magie, c’est à la portée de tout le monde ». Comment douter de son enseignement, en sachant qu’elle a été recrutée par son comparse dans un garage quand elle avait « un problème d’huile sur (sa) Clio », voulez-vous bien nous le dire. D’ailleurs, elle est « devenue experte en sortilèges après 22 h » auprès de son binôme, « spécialisé dans les ténèbres et les obscurités ».

« Vous avez oublié… alors que tout le monde l’a vu »

« Par exemple, Madame, vous ne vous souvenez pas avoir dansé la Macarena… alors que tout le monde l’a vu… par exemple, Monsieur, vous ne vous souvenez pas avoir fait un solo de claquettes… alors que tout le monde l’a vu… ». C’est tout de même simple. Autant que de considérer qu’on peut aussi couper les hommes en deux, histoire de changer un peu. Avec une scie à bois au lieu d’une scie à métaux, où avais-je la tête. La « transe mystique » annoncée vire à l’explosion des cadres, des codes, des conventions. Il n’y a pas que les enfants à se retrouver dans cet emmêlement de passerelles : des adultes, parfois seuls, donnent le sentiment de tremper enfin dans leur univers. « La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort ». En citant le général MacArthur, ce spectateur avait prévenu.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr