La lutte déclarée à l’illettrisme
L’assemblée des Nations Unies a décrété le 8 septembre comme la Journée mondiale pour la lutte contre l’illettrisme. Une occasion de mettre en lumière le travail accompli par l’association Initiales, ses salariés et bénévoles.
On dénombre 13 % d’illettrés en Haute-Marne. C’est-à-dire que ce pourcentage de la population éprouve de grandes difficultés à lire ou écrire malgré un cursus scolaire. Ces données chiffrées incluent les nouveaux arrivants pour lesquels le français n’est pas la langue maternelle, mais également les Haut-Marnais qui n’ont pas été en mesure d’intégrer l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture. Pour tous ces publics, francophones ou allophones, quel que soit l’âge, l’association Initiales propose des ateliers d’apprentissage de la langue avec un suivi individualisé lorsque cela s’avère nécessaire. « Nous sommes sept permanents en Haute-Marne et une cinquantaine de bénévoles. Nous intervenons à Chaumont, Langres, Saint-Dizier et Nogent », indique Edris Abdel Sayed, directeur pédagogique de l’association implantée sur l’ensemble de la Région Grand Est.
250 apprenants
Une cinquantaine d’enfants et un peu plus de 200 adultes en situation d’apprentissage de la langue sont chaque année accompagnés par Initiales en Haute-Marne. « La durée est variable, cela peut être durable, sur plusieurs années, ou seulement quelques mois », reprend Edris Abdel Sayed. Pour une personne francophone, il est souvent difficile de passer al porte de l’association. Mais quand la “stratégie d’évitement” n’e permet plus de dissimuler les difficultés éprouvées et que l’on se trouve au pied du mur, c’est la meilleure solution. « On nous dit : “Mon employeur veut m’envoyer en formation, mais j’éprouve de grande difficultés”… Nous ne jugeons pas, nous sommes là pour aider », résume Edris Abedel Sayed. Une dizaine des apprenants fréquentant les ateliers ont plus de 60 ans. De façon générale, Initiales accueille beaucoup de jeunes hommes. La doyenne de la région réside à côté d’Epernay. A 93 ans, Rose est en maison de retraite et souhaitait “laisser une trace”. Elle a gagné le festival de l’écrit dans la Marne et en est très fière.
Les apprentissages se construisent autour d’une pédagogie du projet, avec une aide personnalisée et des objectifs à court terme.
Initiales travaille en synergie avec de nombreux partenaires. Le festival de l’écrit, temps fort de restitution, donnant lieu à la publication d’un ouvrage, se tiendra le 26 septembre aux Silos, à Chaumont. Il est la preuve que « ce n’est pas parce qu’on a des difficultés à lire et écrire que l’on a rien à dire », sourit Edris Abdel Sayed.
S’adressant à l’ensemble des parents, les séquences de rencontres mises en place par le Réseau d’écoute d’appui et d’accompagnement (REAAP) – géré par Initiales – reprennent avec une thématique sur les ados et les réseaux sociaux, le 10 septembre.
Entre autres actions, Initiales organise un colloque régional sur le thème “Rapport à l’écrit et accès à la culture”, le 4 octobre à Reims et poursuit les formations d’intervenants sur la laïcité ou l’interculturalité. Porteuse du réseau “Mémoire et immigration en Grand Est”, l’association collecte les traces des vagues d’immigration successives et invite les personnes à apporter leur témoignage pour laisser une trace dans l’Histoire locale.
S. C.-S.