La loi du terrain – L’édito de Christophe Bonnefoy
La loi du terrain – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un gouvernement pensé pour durer. Ce qui ressemble à un slogan publicitaire est en fait le nouveau message qu’a voulu faire passer Emmanuel Macron hier, lors du tout premier Conseil des ministres d’après-remaniement. La nouvelle équipe a «vocation à durer longtemps (…) et à contribuer à la réussite de ce quinquennat.» C’est dit… mais ça ne veut pas dire que ça sera le cas.
Evidemment, la première mouture de l’équipe construite pour gagner avait été élaborée pour être modifiée au lendemain des législatives. Par définition, le remodelage était déjà dans les têtes. Mais est-ce à dire que le gouvernement « Edouard Philippe 1 » n’avait été construit que pour gagner… le scrutin du mois de juin ? Forcément, le message délivré hier peut le laisser croire. Quoi qu’il en soit, le président de la République semble penser que le quinquennat commence vraiment maintenant. Rendez-vous dans un peu moins de cinq ans, avec des ministres indéboulonnables qui auront pu appliquer un programme sur la durée. Sauf que… on le sait bien, les prévisions ne sont jamais que des prévisions. On en a eu la preuve ces dernières semaines. Emmanuel Macron n’avait bien sûr pas imaginé que le fidèle Richard Ferrand serait contraint de quitter aussi vite le navire. Sans doute pas, non plus, que François Bayrou, Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez ne souhaiteraient pas poursuivre l’aventure, pour dire les choses de façon policée.
Reste qu’avant d’être pensé pour durer, ce gouvernement l’a été pour travailler. La preuve, avec le nouveau projet de loi antiterroriste, ou encore celui de moralisation de la vie publique, sans François Bayrou mais avec Nicole Belloubet, du coup. Puis la loi Travail, qui devrait réserver quelques morceaux de choix et confronter là aussi – violemment peut-être – ce qu’on veut en faire et ce qu’il est possible – ou pas – de réaliser. Un quinquennat est rarement un long fleuve tranquille…