La liste s’allonge – L’édito de Patrice Chabanet
Sale temps pour le monde culturel. Les affaires d’abus sexuels et de viols se multiplient. Après les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, c’est le psychanalyste Gérard Miller qui est sur la sellette. Habitué des plateaux de télévision et des studios de radio, il est mis en cause par une quarantaine de femmes. Sur le plan judiciaire, il est présumé innocent, comme le veut la loi. Mais la concordance des témoignages ne plaide pas pour lui. Tous décrivent le même mode opératoire. Comme dans les autres affaires l’emprise constitue l’hameçon pour ferrer les futures victimes. Elle est faite d’ascendant moral ou de notoriété, un mécanisme qui mène tout droit à la sidération ou à la paralysie des femmes souvent très jeunes quand elles ne sont pas mineures.
Aujourd’hui on feint de découvrir des comportements qui n’ont rien de vraiment inédit. Souvenons-nous du droit de cuissage qui s’identifiait à l’exercice du pouvoir. Relation inégale entre le maître et ses disciples, entre le mâle dominant et son « harem », entre le mari et son épouse astreinte au « devoir conjugal ».
Les affaires qui surgissent actuellement à la surface de l’actualité ne sont ni plus ni moins que la revendication d’une exigence légitime : le consentement doit être la règle dans les relations hommes-femmes. Cette dernière doit être d’accord au préalable. L’homme aussi, car parfois, rarement c’est vrai, c’est lui qui peut être sollicité sans ménagement.
Le droit est là pour éviter les abus qui, même dans leur expression la plus légère, sont des atteintes aux personnes. Mais il reste beaucoup de terrain à déblayer. Les révélations qui abondent un peu plus chaque jour le prouvent sans conteste.