Chaumont : « La ligne 4 est le parent pauvre du ferroviaire »
Ligne 4. Patrick Devaux a travaillé à la SNCF durant 39 ans et voit le service rendu aux usagers se détériorer au fil des années. Il l’explique par l’effort financier réservé au TGV en négligeant les autres lignes. Sa solution pour régler les problèmes : l’électrification jusqu’à Chalindrey.
En lien direct avec Is-en-Bassigny, Patrick Devaux a été, comme il le dit, 39 ans au service du ferroviaire. Il parle de la « grande maison SNCF » pour laquelle il a travaillé comme roulant au niveau de la ceinture parisienne et dans le TGV. Il a également été formateur pour les conducteurs de trains pendant sept ans.
Problème : Patrick Devaux se rend bien compte que « la grande maison » se fissure de partout par manque de moyens. En tant qu’observateur, il évoque « une dégradation en peu de temps ». Il explique : « les trains circulent à flux tendu. Il n’y a plus de réserve de personnels pour les remplacements et il n’y a plus de réserve de matériels en cas de panne. En cas de problème, ils n’ont pas d’autres solutions que de supprimer les trains d’une heure à l’autre et sans prévenir ».
Le “tout TGV” en accusation
L’homme se souvient d’une époque durant laquelle « nous faisions notre maximum pour faire rouler les trains. Aujourd’hui, nous atteignons la plus grande aberration ». En évoquant « l’abandon » de la ligne 4, il désigne comme premier responsable les décideurs. Pour lui, cette ligne mériterait d’être électrifiée. « Le problème des retards serait réglé et la Haute-Marne aurait un TGV qui s’arrête à Langres et Chaumont ».
En fait, pour lui, le réseau ferroviaire du département est la victime de la politique du « tout TGV ». Autrement dit, tous les moyens sont déployés pour les lignes TGV et les autres sont négligées. Il le dit : « la ligne 4 est le parent pauvre du ferroviaire ».
Pour régler ces problèmes de cadencement, d’horaires, de retards ou d’annulation, Patrick Devaux estime que « les politiques doivent décider de l’électrification de la ligne jusqu’à Chalindrey. « Les investissements actuels ne sont pas suffisants ».
La ligne 4 électrifiée ?
Il comprend l’exaspération des usagers et considère aussi que les cheminots sont les victimes de la situation tout en sachant que « ce ne sont pas des tendres ». Il poursuit : « à mon époque, nous ne nous serions jamais permis de négliger les usagers mais il faut comprendre que les cheminots sont aussitôt accusés de tous les problèmes. Ils servent souvent de lampistes ».
Or, pour Patrick Devaux, le transport ferroviaire a un niveau de sécurité très élevé et de nombreux accidents et donc retards sont dus à des causes extérieures. Il cite le vol du cuivre des câbles, le gibier, les branches, les suicides et « les deux hantises des conducteurs : les passages à niveau non respectés par les automobilistes, cyclistes et piétons et les éboulements de tunnels ».
Patrick Devaux conclut : « les problèmes actuels du ferroviaire se résument en une histoire de moyens, même s’il est vrai qu’il coûte très cher ».
Frédéric Thévenin