La leçon allemande – l’édito de Patrice Chabanet
Le poids de l’Histoire sans doute, les manifs contre l’extrême droite se multiplient en Allemagne. A Munich un rassemblement a même dû être annulé en raison d’une trop forte affluence. Cela devrait nous interpeller. Les Allemands se sentent investis d’une énorme responsabilité, celle d’éviter à leur pays – et à l’Europe – le retour du nazisme. Ils ne sont pas dupes, l’Alternative pour l’Allemagne (l’AFD), reprend les thèmes du IIIe Reich à peine déguisés. Une réunion d’extrémistes de droite à Potsdam a réveillé les consciences d’outre-Rhin. Elle était centrée sur l’expulsion de plusieurs millions d’étrangers et des « Allemands non assimilés », version moderne des non-aryens.
Le sursaut allemand est salutaire. Il intervient au moment même où crises sociales et politiques rongent nos démocraties. L’extrême droite a l’art et la manière de s’infiltrer dans toutes les contestations et de s’en faire la tête d’affiche. En Allemagne, elle ne cache pas ses intentions. Dans d’autres pays, comme la France ou d’autres Etats européens, elle a choisi le chemin de la respectabilité.
La vigilance est donc de mise. Il n’est plus possible de dire aujourd’hui : on ne savait pas. Les discours et les silences cachent à peine la façade de projets pas très clairs mais potentiellement dangereux. Les néo-nazis allemands, on le voit, annoncent la couleur. Dans les pays latins, l’extrême droite ne se présente pas toujours comme telle. En Italie, elle n’hésite pas à rentrer dans le rang, comme le fait Georgia Meloni. Mais la manifestation de plusieurs milliers de fascistes à Rome, le bras tendu, a vite rappelé de douloureux souvenirs.