La leçon allemande – L’édito de Patrice Chabanet
La Realpolitik s’impose à nouveau en Allemagne. Quelques semaines à peine après les élections législatives, le SPD, les libéraux et les Verts ont trouvé un premier accord pour la formation d’un nouveau gouvernement. Désormais, les trois partenaires vont entrer dans le dur de la négociation pour définir, point par point, un véritable plan d’action. L’expérience passée montre qu’ils ont de bonnes chances d’y parvenir. Immanquablement, la comparaison avec le contexte électoral français s’impose. On peut seulement observer que les partis allemands se projettent plus que leurs homologues français. Ils ne sont pas seulement obsédés par la timbale de la victoire le soir de l’élection. Ils songent déjà à l’après-scrutin et aux alliances nécessaires. Ne parlons pas des luttes intestines dans les partis français : des candidats à droite qui ont quitté le parti avec fracas y reviennent sans vergogne, à gauche la machine à perdre tourne à plein régime si l’on en juge par des sondages calamiteux. Résultat : une extrême droite en plein essor. Imaginons les mêmes scores outre-Rhin : certains prôneraient la réactivation de la ligne Maginot.
Il ne faut pas chercher ailleurs les succès de l’économie allemande. Il y a un consensus large sur l’essentiel, gage de stabilité. Certes, cela n’a pas le piment des oppositions frontales et des joutes oratoires sur les plateaux de télévision. Mais l’Allemagne continue de creuser l’écart qui la sépare de notre pays. Si l’option souverainiste devenait sa nouvelle Bible, de mauvais démons à peine enfouis pourraient rejaillir. En attendant, sa modération lui permet de remporter des victoires sans coup férir.