La horde sauvage – L’édito de Patrice Chabanet
La violence dans le football est souvent une seconde nature. Hélas. Mais le coup de force d’une partie des supporters de l’OM n’a rien à voir avec la passion pour le sport. Que le club enregistre des résultats médiocres, que ses dirigeants ne soient pas à la hauteur, que les joueurs ne se défoncent pas sur le terrain, cela peut mériter la désapprobation ou la colère des supporters. Mais de là à tout casser au siège du club, il y a une nouvelle étape qui vient d’être franchie, celle de la prise de pouvoir par une voyoucratie. Il serait naïf de parler de dérapage. On a eu affaire à une véritable opération commando. Comment expliquer autrement la présence de dizaines d’individus de noir vêtus. La police et la justice devront établir qui a tiré les ficelles d’une action qui n’avait rien de spontané. La presse étrangère en est restée ébahie.
Cette affaire pose à nouveau la question des relations entre la direction des clubs et les groupes de supporters. Trop de consanguinité, trop de complicité au motif que les supporters constituent le douzième homme sur le terrain. Les excès sont passés par pertes et profits. S’il n’y avait que l’OM, on pourrait se rassurer en réduisant ces incidents graves à une spécialité marseillaise. Mais il ne faut pas oublier cette kyrielle de derbies ou de matches dits « à risques » où des forces de l’ordre doivent être mobilisées pour séparer les supporters des deux camps.
Les instances supérieures du football ont aussi leur part de responsabilité. La violence autour de ce sport est endémique. Rien de tel dans le rugby, le handball ou le basket. D’où l’urgence de nouvelles règles qui délimitent les devoirs des supporters et qui prévoient de lourdes sanctions. Cela commence aussi dans le football amateur où souvent le fair-play n’est pas la première valeur partagée. Ce n’est plus un problème sportif, mais toute une culture qu’il faut revoir de fond en comble.