La guerre souterraine – l’édito de Patrice Chabanet
Les fuites de documents sont l’apanage de toute guerre. Celle de l’Ukraine n’y échappe pas. Un vrai roman d’espionnage. Des informations établies par les Américains sur la probable contre-offensive ukrainienne se sont retrouvées ainsi sur les réseaux sociaux et sur des sites dédiés aux jeux. Réactions officielles : les Etats-Unis recherchent l’origine des fuites et Kiev se voit contraint de revoir ses plans de bataille. Mais l’affaire est plus compliquée qu’il n’y paraît : certaines informations auraient été falsifiées. Par qui ? Mystère.
A qui profite le crime ? On pense naturellement à la Russie qui disposerait ainsi de renseignements précieux sur la stratégie de son adversaire. Mais dans le même temps, Moscou comme Kiev d’ailleurs, prend conscience des infiltrations par les services américains.
Cela dit, les espions n’avancent pas avec des gros sabots. Ce qui peut être pris pour une lourde défaillance est parfois mûrement réfléchi et calculé. La Seconde Guerre mondiale en a fourni de nombreux exemples. Pendant les mois qui ont précédé le Débarquement, les Alliés ont laissé fuiter de fausses informations sur le lieu de l’opération. L’intoxication a été efficace. Les Allemands ont cru même après le Jour J que la Normandie était un choix de diversion. On connaît la suite.
Ce qui frappe dans les documents diffusés aujourd’hui, c’est qu’en fin de compte de nombreuses informations n’ont rien d’inédit. Surtout, elles ne fournissent pas une donnée essentielle : la date de la contre-offensive ukrainienne. Bref, beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Mais de quoi agiter le monde du renseignement et les chancelleries.