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La Galérienne ne se met pas trop de pression

Manuel Courtois met du coeur à l’ouvrage.

L’ETE EN PENTE MOUSSE (1). Sur un coup de tête, pour se lancer un défi ou réaliser leur rêve, ils se sont lancés dans l’aventure de la micro-brasserie. Petit tour d’horizon des initiatives locales en la matière. Premier volet avec Manuel Courtois et sa brasserie de la Blaise, à Bailly-aux Forges.

Tout commence avec un kit pour fabriquer sa première bière. Un cadeau offert « il y a sept ou huit ans » par des amis qui ne croyaient peut-être pas si bien faire. Manuel Courtois s’applique à la tâche. « J’aime bien les bonnes choses, tout ce qui est artisanal. Que ce soit les fruits et légumes, la viande, le vin, la bière, j’aime bien passer par les produits locaux. » Alors, en amateur de bonnes bières, Manuel décide d’aller au-delà du kit dans la fabrication. Passe à la vitesse supérieure. Ce père de famille, résidant à Bailly-aux-Forges, fait des recherches, s’équipe pour fabriquer d’autres cuvées. Livres, internet, celui qui est « autodidacte à 200 % » trouve les informations qu’il recherche. « Il faut juste être passionné. »

« Je me suis fait prendre à mon propre jeu »

« Dès le départ, j’ai fait des bières qui me plaisaient, à ma famille, aux copains. » Pour le plaisir, mais « de fil en aiguille, à force d’en faire, je suis obligé de m’officialiser. Je me suis fait prendre à mon propre jeu et ça fait quatre ans que ça n’arrête pas ». Nous sommes le 1er janvier 2019 et la micro-brasserie de la Blaise naît. Le jeune homme n’a pas de pression financière avec la « garantie » de son premier métier. Mais les premières tournées de sa Galérienne se vendent bien. Une hausse de 30 à 45 % chaque année, 8 800 litres réalisés en 2021 et 10 000 en 2022… Conditionnées en 33 ou 75 cl, ses sept bières de dégustation ont la cote. Blonde, ambrée, blanche, brune, IPA, triple, blonde medium… il y a en pour tous les goûts.

Et pourquoi la Galérienne ? « Quand on brassait avec les copains, c’était parfois plus folklorique qu’autre chose. C’était un peu la galère. En plus, je ne suis pas le mec le mieux organisé du monde, c’est aussi ce qui me caractérise. Ça a donc été la Galérienne. » Si la bière artisanale, qui a le vent en poupe depuis le début des années 2000 aux quatre coins de l’Hexagone, regorge à la fois de très bons et de très moyens produits, la Galérienne se classe dans la première catégorie. Il faut dire que Manuel Courtois met du cœur à l’ouvrage. Appliqué, ambitieux et innovant dans ses brassins, l’homme a vu deux de ses réalisations être auréolées cette année : sa bière blonde a reçu la médaille d’or au Concours international de Lyon en 2022. Sa blonde médium hefeweizen, bière de froment, l’argent.

« Tant que le produit est bon et constant…  »

Aujourd’hui, son installation permet de mettre 2500 litres de bière en fermentation en même temps. Entre la composition, l’empâtage, l’ébullition, la fermentation, le refroidissement, Manuel Courtois a ses techniques et ses secrets. Comptez environ un petit mois pour arriver à un produit fini. « Le plus dur n’a pas été de faire de la bière mais de refaire exactement la même chose, qu’il y a ait une constance pour mes clients fidèles ! Tant que le produit est bon et constant, ça va. »

Trois ans et demi après le début de l’aventure, Manuel Courtois ne pensait pas que sa passion prendrait autant d’ampleur. « Je ne me vois toujours pas tout plaquer pour ça », confie celui qui est chaudronnier soudeur à l’atelier SNCF de Saint-Dizier. « Un de mes avantages est de ne pas avoir besoin d’en vivre, ça reste une passion. » Pragmatique, il évoque aussi la situation climatique et les restrictions d’eau qui pourraient mettre à mal sa seconde activité professionnelle. En attendant, il continue de partager son temps entre son travail et sa micro-brasserie, « à la maison donc je peux aussi gérer la vie de famille ».

N. F.

n.frise@jhm.fr

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