La France qui gagne – L’édito de Patrice Chabanet
Les raisons de se réjouir sont pratiquement inexistantes par les temps qui courent. Alors, saluons Julian Alaphilippe, sacré champion du monde de cyclisme à Imola. Le premier maillot arc-en-ciel en 23 ans pour un champion français. Ce n’était pas gagné d’avance. La concurrence était sévère. L’homme avait déçu ses supporters lors du dernier Tour de France. Porteur éphémère du maillot jaune, il n’était pas parvenu finalement à rester dans le Top 10 de la grande Boucle. Mais au fond de lui-même, son ambition, et pas seulement cette année, était de revêtir le maillot de champion du monde. La tenacité chevillée au corps. Quand elle est servie par le courage physique et le sens de l’effort, elle renverse les montagnes. Elle dépasse aussi les ambitions personnelles pour s’ériger en exemple.
Il est toujours tentant de plaquer ces recettes du succès dans des contextes qui n’ont rien à voir avec le sport. Comparaison n’est pas raison, dit l’adage. Il n’empêche, dans la période difficile que nous traversons, les valeurs qui sont portées et transmises par les grands champions prennent un relief particulier. A commencer par la ténacité. Trop souvent on a l’impression que ceux qui nous dirigent lui préfèrent l’élasticité au gré des obstacles, pour éviter de prendre des coups ou pour ne pas affronter la réalité. La gestion de la crise sanitaire en fournit un exemple récurrent. Remettre l’ouvrage sur le métier, il est vrai, n’a rien de valorisant quand l’opinion publique se fait versatile. Julian Alaphilippe, lui, s’est fixé un cap. Il s’y est tenu, malgré les échecs qui parsèment toujours le parcours d’un champion. Et il a réussi.