La fondation De Gaulle : « la référence jusqu’au mensonge »
Au lendemain de l’annonce de la candidature d’Eric Zemmour, qui s’était mis en scène dans un studio empruntant les codes de celui où a été enregistré l’Appel du 18 juin, la fondation De Gaulle fait une mise au point le 1er décembre en déclarant : « De Gaulle n’appartient à aucune famille politique ».
La Fondation De Gaulle n’est jamais intervenue dans le débat politique, dans une campagne électorale quelle qu’elle soit. Le communiqué publié par le conseil d’administration de la Fondation le lendemain de l’annonce de la candidature d’Eric Zemmour est donc un fait rarissime.
Il est à préciser qu’à aucun moment, la fondation ne mentionne le nom d’Eric Zemmour dans son communiqué. Mais il n’a échappé à personne que le polémiste, désormais candidat à la présidentielle, fait moult références à De Gaulle dans sa vidéo de candidature. Il est même allé jusqu’à se mettre en scène dans un studio qui rappelle celui où a été enregistré l’Appel du 18 juin.
Zemmour n’est pas le seul candidat à faire référence au général de Gaulle. Nombreux sont les candidats à tenter de capter l’héritage. Mais, la réaction de la fondation ne tient pas du hasard. Elle a été publiée le 1er décembre alors qu’Eric Zemmour annonçait sa candidature le 30 novembre.
Relire ses Mémoires
« La référence à l’œuvre du général de Gaulle n’a jamais été si fréquente, mais jamais elle n’a été si approximative, et parfois même délibérément abusive, jusqu’au mensonge », dit la fondation.
« Pour lui, l’action politique passait avant tout par un discours limpide, apte à dire clairement sa pensée, et par une très nette distinction entre la parole publique qui engage, et les propos privés – distinction que notre époque a quelque peu égarée…
» on accepta la servitude «
Il faut relire ses Mémoires plutôt que de chercher l’ambiguïté dans les recoins de propos rapportés. Ainsi, au sujet du maréchal Pétain, il exécute en quelques lignes limpides la théorie dite du “glaive et du bouclier” : “Voilà donc le terme de cette affreuse série d’abandons où, sous prétexte de sauver les meubles, on accepta la servitude”. »
L’unité de la nation
La fondation poursuit : « La pensée du général de Gaulle est vivante car elle est cohérente : elle repose sur une vision du monde, de la place que la France se doit d’y occuper, et sur les moyens qu’elle doit mobiliser pour jouer ce rôle, en accord avec son histoire.
Ainsi juge-t-il que la République impose des devoirs à ses citoyens, auxquels nul ne saurait se dérober, mais qu’elle constitue, à ce titre même, un principe intégrateur (…) Pour lui, enfin, l’unité de la nation et la cohésion de la société devaient être, à tout prix, préservées. C’est pourquoi il avait toujours rejeté avec force ceux qui prétendaient reconstruire la France en attisant les tensions, en divisant les Français, en les opposant les uns aux autres. »
Trahir sa pensée
« C’est donc trahir sa pensée que d’y prélever des morceaux à son gré, comme à l’étal d’un marchand, et d’en détourner le sens. De Gaulle n’appartient à aucune famille politique. Il appartient à la France, il n’appartient à personne en particulier, et surtout pas à ceux qui voudraient s’emparer de son image et du symbole de courage et de détermination qu’il incarne pour cautionner quelque entreprise politique que ce soit – surtout si cette entreprise est manifestement contraire aux principes qu’il a défendus. »
L’intégralité du communiqué du conseil d’administration de la fondation, c’est ici
C. C.