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La fin d’une époque – L’édito de Christophe Bonnefoy

Breton, petit, avec de grandes oreilles. C’est l’autoportrait que dressait Philippe Gildas, toujours plein d’autodérision, s’étonnant en souriant que ces trois “handicaps” ne lui aient pas fermé les portes de la télévision. Les télespectateurs, eux, ne s’y sont jamais trompés. Ils l’ont toujours plébiscité, comme journaliste ou comme animateur. Mais c’est sans doute ce dernier rôle que l’éternel compère d’Antoine de Caunes a le mieux interprété, principalement sur Canal+. Celui que beaucoup retiendront en tout cas. Sa modestie et son empathie en avaient fait l’ami quotidien des familles. Presque un membre à part entière.
Philippe Gildas n’est pas né avec Canal. Mais il aura accompagné son succès, il aura même insufflé, grâce à Nulle part ailleurs, émission phare pour ne pas dire culte, ce vent de liberté dont la télé d’aujourd’hui est l’héritière, en moins bien sans doute. Le duo Garcia/de Caunes, c’est sous sa houlette. Les Nuls, sous son œil bienveillant. Les Deschiens également. Tout comme l’éclosion de Benoît Poelvoorde ou le succès de Guignols dont le ton irrévérencieux n’a pas survécu à l’évolution récente de la chaîne cryptée.
Philippe Gildas a osé. Il a osé l’humour pour parler d’info, n’oubliant jamais de le doubler d’un professionnalisme hors pair. Contrairement à nombre d’animateurs, il savait piquer avec finesse sans jamais dépasser les limites. Et faire de la gentillesse, un atout plutôt qu’une faiblesse. Rare de nos jours.
Le journaliste avait, lui, à peu près tout fait, tout vu, à RTL, France Inter, Europe 1. Mais aussi à l’ORTF, à TF1 ou Antenne 2. Excusez du peu. Une page se tourne, c’est la fin d’une époque. Celle qui aura révolutionné nos petits écrans. Et il en fut l’un des acteurs principaux.

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