La fin de vie – L’édito de Patrice Chabanet
S’il est un thème à traiter avec des pincettes c’est bien celui de la fin de vie. Comment pourrait-il en être autrement dès lors qu’on touche au moment le plus délicat de l’existence ? C’est sûrement pour cette raison qu’Emmanuel Macron a tardé à exprimer le fond de sa pensée sur le sujet. A le lire dans l’interview qu’il a accordée à Libération et à La Croix le temps est venu de légiférer, mais pas n’importe comment. Le projet de loi esquissé par le chef de l’Etat est bordé de conditions essentielles. « L’aide à mourir », comme il l’appelle doit être « réservée aux personnes majeures ». Ces dernières « doivent être capables d’un discernement plein et entier » et « être atteintes d’une « maladie incurable ». Des évidences, certes, mais dont le législateur ne pourra pas faire l’économie.
Les débats au Parlement risquent d’être épiques, sans doute plus qu’ils ne l’ont été sur la question de l’IVG. La possibilité de mettre un terme à la vie d’un patient en grande souffrance ne peut se réduire à un acte médical même avec les meilleures intentions du monde. L’avis « collégial » de l’équipe de soignants ne sera pas acquis à l’avance. Ce sont des interstices à travers lesquels les adversaires irréductibles du projet présidentiel tenteront de passer. Le mot « euthanasie » sera agité, sachant que l’Histoire lui a collé une connotation criminelle.
Espérons quand même que les débats resteront dignes. Pour respecter l’avis des malades en fin de vie et celui de leurs proches et des médecins qui les suivent quotidiennement. Préparer sa mort, ne l’oublions pas non plus, ouvre un vaste domaine où s’entrecroisent la philosophie, la religion, la morale et l’éthique. Sacré challenge, dirait-on aujourd’hui.