“La Fête des mères” : confidences remarquées
Les rencontres d’écrivains à la librairie Apostrophe, à Chaumont, offrent toujours de bonnes surprises. Jeudi 19 octobre, Richard Morgiève est venu présenter aux Chaumontais son dernier roman “La Fête des mères” et parler à bâtons rompus avec son interlocuteur Gérard Meudal de sa passion pour les livres et l’écriture.
Tour à tour déménageur, scénariste pour le cinéma et la télévision, écrivain, peintre, acteur, Richard Morgiève est un personnage hors du commun : un franc-parler, direct, volontiers provocant, l’humour au bout des lèvres, les yeux rieurs, il dit crûment ce qu’il pense puis s’excuse élégamment d’avoir pu choquer…
Son dernier roman, “La Fête des mères” paru aux éditions Joëlle Losfeld, fait partie de ce que les critiques littéraires appellent « les livres de la rentrée », ceux qui sont sortis du lot, dont on parle, auxquels on pense pour un prix littéraire. Le titre “La Fête des mères” fait d’ores et déjà partie de la sélection du prix Médicis. Cela ne monte pas à la tête de son auteur qui partage tout simplement avec son public les doutes, les hésitations qui ont accompagné l’écriture du livre. « C’est une œuvre de fiction qui s’inspire de faits réels. L’intrigue se déroule à Versailles dans les années 60. » On suit l’histoire d’un petit garçon de 10 ans jusqu’à son âge adulte. Il grandit dans une famille « aisée mais dysfonctionnelle », « banale mais attachante », avec un père peu présent qu’il admire, une mère dépressive et toxique qu’il adore, trois frères avec lesquels il a peu de liens affectifs. Education chrétienne, discipline de fer et des problèmes de santé contre lesquels il doit lutter. Un ouvrage qui amène une réflexion sur la filiation et la prédestination : « Le père, le fils, la filiation, le nom, l’identité, c’est capital pour moi » explique Richard Morgiève qui raconte ensuite la genèse du roman.
“La Fête des mères” lui a été inspiré par les confidences d’un homme bien réel : Jacques Bauchot qu’il surnomme « le haricot, parce qu’il est devenu le leader de la graine de haricot dans le monde ». Une première écriture, il y a une dizaine d’années, sans grand succès, puis il le remanie, l’édite de nouveau et cette fois il est satisfait. « Même le haricot », confie-t-il avec son autodérision coutumière, a été subjugué par « La Fête des mères » ! Et il enchaîne : « Moi, quand j’écris, je suis le personnage, donc ce livre est aussi un peu une autofiction ; c’est un vrai roman, avec une histoire toute simple, un roman qui amène une réflexion et surprend. Il faut surprendre le lecteur ; il faut le sortir du livre ». Puis il part sur d’autres sujets « en hors-piste », sur la peinture dont il raffole, sur ses expériences dans le métier d’acteur puis de nouveau sur son métier d’écrivain « un métier de fou » « où il faut tenir » mais qu’il aime toujours autant après 30 livres et 43 années d’édition.
De notre correspondante Françoise Ramillon