“La double inconstance” : des comédiens à la hauteur du défi
Concilier un texte exigeant avec le divertissement, ravir autant le passionné que le novice : le metteur en scène a réussi son coup !
Samedi 16 septembre, au soir, le metteur en scène, comédien et fondateur de la troupe AbeauM a coché toutes les cases sans se tromper. D’abord choisir une comédie d’amour “La double inconstance” teintée d’une comédie de mœurs et d’une satire sociale. Ensuite, jouer un texte de Marivaux dont la qualité de la langue est sa précision, sa souplesse et qui dit tout, clairement et en peu de mots, expliquant les plus infimes nuances des sentiments. Et enfin, réunir autour de lui des comédiens doués et très professionnels, incroyablement agréables à regarder évoluer et interpréter des personnages vivants et complexes.
L’action : une jeune paysanne, Silvia, a été enlevée par le prince qui l’aime et désire l’épouser. Mais Silvia n’aime qu’Arlequin et ne demande que de le revoir. Au final, Flamina, sujette du prince et qui s’impose comme l’organisatrice de l’action, va jouer constamment un double jeu avec une capacité à mentir sans limite, et va pouvoir se féliciter d’avoir travaillé au bonheur de tous. “La double inconstance” va déboucher sur un double mariage : Silvia et le prince, Arlequin et Flamina. On découvre dans cette pièce du XIXe siècle une double surprise de l’amour qui n’est finalement qu’une tactique et une suite de manœuvres. L’amour se provoque ou il se détruit au gré de la volonté d’autrui.
La scène : sur la scène trône un canapé-corbeille, seul élément de décor. Maîtrisant parfaitement leurs jeux, les comédiens, toniques et dynamiques, bagarreurs ou charmeurs, tantôt amoureux et confidents, moralisateurs ou manipulateurs, se chargeaient d’occuper l’espace, prenaient à témoin ce canapé figé mais présence importante et bon génie de l’amour. Seulement douze personnes ont assisté au spectacle. La fête était sur la scène mais il aurait fallu qu’elle soit aussi dans la salle, avec les applaudissements que les comédiens méritaient. Quel dommage.
