La désertification médicale déconcerte le docteur, il revient à Langres
Nouvellement installé à la maison pluridisciplinaire de santé, le docteur Roland Ognong, gynécologue, a décidé de revenir en tant que médecin libéral pour contribuer à lutter contre la désertification médicale du Sud-haut-marnais.
Langres et la Haute-Marne sont classés comme ‘’déserts médicaux‘’, des zones de France, où l’accès aux soins n’est pas suffisant. L’effet est de plus en plus important et concerne tous les corps médicaux.
À Langres, il était difficile d’être suivi par certains spécialistes. En effet, le docteur Nelly Godde était, ces dernières années, la seule gynécologue basée dans la cité. Les choses vont désormais changer : ancien médecin hospitalier, de 1993 à 2016, le docteur Roland Ognong s’est installé, cette semaine, comme gynécologue libéral au sein de la maison pluridisciplinaire de santé.
Nombre de patientes étaient obligées de se déplacer à Chaumont ou à Dijon, seules villes voisines disposant encore d’une maternité. Un certain nombre d’entre elles préféraient, dès lors, effectuer le suivi de leur grossesse directement sur le lieu prévu de leur accouchement.
Ce problème est devenu très préoccupant lors des confinements de 2020 et 2021. La patientèle qui ne pouvait plus se déplacer à cause des couvre-feux ou en raison de difficultés de mobilité, se retrouvait sans suivi médical. « On ne peut pas abandonner les patients », s’attriste le docteur Ognong. « Il n’y a pas de remplaçants », ajoute-t-il, en confiant qu’il effectuait lui-même des remplacements dans de nombreux lieux, ces dernières années, et recevait des dizaines de demandes auxquelles il ne pouvait malheureusement pas donner suite.
Inciter les jeunes à se lancer dans la médecine
Créée en 2020, la maison de santé est un établissement regroupant des médecins généralistes et spécialistes, ainsi que des infirmiers. D’après le gynécologue, « travailler avec de jeunes confrères permet de se ressourcer ». Créer son propre cabinet n’est pas chose aisée. Aussi, l’établissement de santé lui est apparu l’option idéale pour reprendre ses activités, avec une cellule spacieuse dédiée à ses consultations : « Je ne me serais pas lancé seul en libéral ».
C’était aussi une opportunité pour lui de revenir exercer dans cette ville qu’il aime tant. Il déplore cependant le manque de moyens de certains lieux où il a pu travailler, et voulait, dans son nouveau cabinet, garder « une qualité de prise en charge ». Il entend surtout aider à lutter, à son échelle, contre la déficience de plus en plus prononcée de praticiens au sein du Pays de Langres.
Le docteur Ognong a déjà pu le constater : la demande est importante, avec, d’ores et déjà, de nombreux rendez-vous pris par une patientèle ayant appris son retour. « C’est simplement par le bouche-à-oreille » que la nouvelle s’est diffusée à Langres. Le nouveau gynécologue veut inciter ses jeunes confrères à emprunter la voie de la médecine, à l’instar de ses deux filles, elles aussi médecins spécialistes. Le docteur reste déterminé face au travail à accomplir qui se révèle, à ses yeux, comme un nouveau défi à relever.
Axel Channaux