La descente aux enfers d’un Meilleur ouvrier de France, l’enfer d’une famille
Meilleur ouvrier de France, le père de famille qui avait de l’or dans les mains passera deux années en prison pour violences conjugales et familiales, menaces de mort et détention d’armes.
« Ce n’est pas souvent qu’on voit passer des Meilleurs ouvriers de France. » Vendredi 31 mars, tribunal correctionnel. La présidente cherche à comprendre. Comment ce MOF en chaudronnerie a pu descendre si bas, au point de comparaître, entre deux policiers, pour des faits de violences sur conjoint et sur mineurs, de menaces de mort, de détention d’armes ?
Les faits remontent à la nuit du 26 au 27 mars. C’est le jour anniversaire de monsieur, au chômage depuis trois ans. Il boit. Beaucoup – un taux d’alcoolémie de 2,20 grammes par litre sera relevé. Décide d’écouter à la télé un concert de Johnny. Monte le son.
Le problème, c’est qu’il est 4 h du matin, que les enfants dorment, que sa compagne doit se lever à 5 h 30 pour aller travailler. C’est la dispute. Ensuite ? « Je n’ai aucun souvenir, assure le Bragard. Je suis tombé de haut quand on m’a dit au commissariat ce que j’avais fait. »
Ce qu’il a fait ? La police qui intervenue constatera des marques sur le visage de sa conjointe, dont un doigt a également été retourné, au point d’avoir quinze jours d’interruption temporaire de travail. On lui reproche des menaces de mort, également, devant les enfants, âgés de 13 à 7 ans. C’est l’un d’entre eux qui a appelé les secours.
« Pas un monstre »
Des coups sur son fils ? « C’est ce que j’ai de plus cher au monde. Je ne suis pas un mauvais père, assure le prévenu. Je ne lui ai jamais tapé dessus… Une claque sur le cul, oui, comme tout le monde ! » La présidente le coupe : « Non, ce n’est pas comme tout le monde ». Et sa conjointe ? « Je ne lui aurais jamais fait de mal ». Il l’admet être « vulgaire en paroles. » Il n’apprécie pas qu’elle travaille – « mère au foyer, c’est un beau métier » – alors que lui est en fin de droit. Il reconnaît encore : « Je suis possessif, jaloux, je n’ai confiance en aucun homme. » Mais « un monstre ? Je ne me reconnais pas dans ce qui est dit de moi ».
« Un enfer »
L’avocate de la victime, Me Lopes, elle, n’a aucun doute sur la dangerosité de l’homme. « Je vois passer beaucoup de femmes victimes de violences. Mais madame, c’est un cran au-dessus. Elle était perdue, désemparée. Elle a très peur d’un conjoint qui a fait vivre un enfer à toute la famille. » Et l’avocate, pour qui ce climat familial est plus ancien que ce qu’il a admis, d’indiquer : « Son fils qu’il dit aimer plus que tout au monde, il n’est jamais allé le voir quand il était hospitalisé. »
« Exorbitant »
Le casier du prévenu ne fait état que d’une seule mention : en 2009, pour transport d’arme. Mais le parquet réclame « une peine suffisamment lourde » : 36 mois d’emprisonnement dont douze assortis d’un sursis. Avocat du prévenu, Me Grosjean écarquille les yeux : « C’est exorbitant. Oui, il y a eu des chamailleries, mais il n’y a jamais eu de plainte contre mon client, jamais de certificat médical, et son casier judiciaire est vierge. »
Pour l’avocat, c’est la perte de son emploi qui a signé la « descente aux enfers » de son client qui « n’est pas un mauvais bougre ». Verdict : 24 mois d’emprisonnement, avec maintien en détention.