La dernière poche – L’édito de Patrice Chabanet
L’alliance arabo-kurde, soutenue par la coalition internationale, vient de lancer son attaque contre le dernier bastion de Daesh en Syrie. Quatre petits kilomètres carrés où tiennent encore les irréductibles du terrorisme islamiste, souvent des étrangers d’ailleurs. Sur le plan strictement militaire, l’affaire paraît entendue. L’appui de l’aviation américaine constitue un avantage décisif dans l’assaut final. Une manière de terminer en beauté pour les Etats-Unis qui ont annoncé leur départ du théâtre d’opération syrien.
Pour autant, la fin du pseudo-califat établi par Daesh ne signifie pas le retour de la paix dans une région du monde rongée par les conflits ethniques et religieux. De nombreux combattants de l’organisation terroriste ont perdu la vie. Mais beaucoup se sont évanouis dans la nature et se sont fondus dans la population qui leur est parfois acquise. Dans les secteurs libérés, Daesh a dû céder le pouvoir mais a relancé sa stratégie d’attentats. C’est le cas en Syrie, mais aussi en Irak. Tous les observateurs sur place s’accordent à dire que le départ des troupes occidentales et le chaos économique laissent prévoir le retour des djihadistes d’ici à quelques années. L’exemple afghan est là pour nous le rappeler. Malgré des centaines de milliards de dollars engagés pour lutter contre les talibans, ces derniers contrôlent à nouveau des pans entiers du pays, notamment la nuit. Faute de structures politiques solides, fiables, non corrompues, ces Etats qui ont connu l’oppression djihadiste ne peuvent espérer qu’un nouveau sursis.
Nos démocraties ne sont pas à l’abri non plus. Vaincu sur le terrain, du moins pour le moment, Daesh pourrait trouver un moyen de se venger en intensifiant sa politique d’attentats en Europe. C’est pourquoi après l’anéantissement de son dernier réduit en Syrie il serait prématuré de chanter victoire.