« La démolition n’est pas un métier de bourrin ! »
Adieu Yonne, Andelle, Loing et Aube. Depuis décembre, l’entreprise Melchiorre œuvre à la démolition de ces quatre immeubles construits en 1955. Mardi 12 mars, elle nous a ouvert les portes du chantier, histoire de faire tomber quelques idées reçues.
« Là, c’est la phase la plus visible. Mais on est là depuis le mois de décembre ! » Au croisement du boulevard Henri-Dunant et des rues Marc-Sangnier et Hubert-Fisbacq, l’entreprise Melchiorre est en charge de la démolition des immeubles Yonne, Andelle, Loing et Aube. Un ensemble de 169 logements construits en 1955, parmi les premiers du Vert-Bois. Mais leur typologie n’était plus adaptée à la société de 2024. « Il y avait beaucoup de T5 », souligne Clarisse Philippot, directrice du patrimoine de l’OPH. « Les demandes d’aujourd’hui concernent des appartements plus petits. » Et la transformation des immeubles aurait coûté beaucoup trop cher.
« On a une première machine de 65 t avec un grand bras de 23 m, équipée d’une cisaille, qui va découper le béton, un peu comme une chenille mange les feuilles d’un arbre ! »
Johan David et son équipe ont donc été missionnés pour démolir les quatre immeubles. L’occasion de découvrir un métier assez éloigné des clichés. « La démolition n’est pas un métier de bourrin ! », explique le conducteur des travaux. « Ça s’apparente plus à de la déconstruction, avec un accent mis sur le tri des matériaux. Car on se dirige de plus en plus vers le réemploi. » Et ce dès le début du chantier. « On a d’abord une phase de pré-curage, durant laquelle on va se débarrasser de tous les encombrants et de tout ce qui donne accès aux matériaux amiantés. » Une entreprise spécialisée intervient alors pour retirer cette substance cancérigène, qui nécessite un traitement particulier.
« Une cisaille, qui va découper le béton, un peu comme une chenille mange les feuilles d’un arbre ! »
« On revient ensuite pour enlever les plâtres, le bois, les revêtements de sol… Qu’il ne reste plus que le béton et le métal. Ensuite seulement, on peut commencer la démolition à proprement dit », détaille Johan David. Deux machines entrent alors en action. « On a une première machine de 65 t avec un grand bras de 23 m, équipée d’une cisaille, qui va découper le béton, un peu comme une chenille mange les feuilles d’un arbre ! »
De haut en bas, en démarrant généralement du bout de l’immeuble. Un brumisateur intégré permet d’éviter le dégagement de poussière qui pourrait gêner les voisins. Une fois tous les étages grignotés, la deuxième machine, de 25 t, se charge du rez-de-chaussée et du premier étage. Et surtout du tri des matériaux.
« Après 35 ans de démolition, c’est la routine ! »
Au Vert-Bois, c’est Nathalie Kuhn qui est aux manettes de ce deuxième engin. « Moi, je suis là pour trier le béton et les métaux. Avec l’habitude, on repère vite les différents matériaux. Après 35 ans de démolition, c’est la routine ! » Avec sa machine flambant neuve, dotée de nombreuses technologies, dont une cabine pressurisée qui empêche les poussières de rentrer, elle fait trois tas : le métal, le béton prêt à être évacué, et celui qui doit encore être broyé. « Ensuite, on évacue les gravats en centre de recyclage », ajoute Johan David. « Puis on remet le site en état avec de la terre végétale. »
Aux abords du boulevard Henri-Dunant, ce sont ainsi 9 000 m3 de béton (soit environ 18 000 t), qui vont être récupérés et évacués. Les arbres et les allées qui ornaient le jardin des immeubles resteront, quant à eux, en place. L’OPH se tournera alors vers l’immeuble Alizé, en cours de curage et de désamiantage, puis avant la fin de l’année, l’immeuble Voire et ses 40 logements connaîtront le même sort. Ses locataires sont en cours de relogement. Le quartier du Vert-Bois s’aérera donc encore un peu plus.
P.-J. P.